Résumé :
- Edition 1983
Se venger. Tuer... Faire la toilette mortelle des six salauds, des six officiers. À cause d'eux que sa femme, Corinne, s'est suicidée.
Expédier des balles blindées dans la chair molle des institutions. De l'Institution : l'armée.
Et puis se bander la tête d'un crêpe noir.
Porter son propre deuil.
- Edition 1992
Se venger, tuer.
Faire la toilette mortelle de six salauds - six officiers. Parce que sans eux, sans leur folie, Corinne vivrait toujours. Le moyen ? Des balles blindées. Et après, après seulement, se bander la tête de crêpe noir et porter son propre deuil.
Après Marée basse et Quai de la Fosse, le troisième volet de la superbe trilogie noire de l'auteur.
Extrait :
" L'auberge du Bosquet, à Louveciennes, se trouve au bord de la nationale, à proximité d'un échangeur. La salle peut accueillir une centaine de convives. La décoration est de style Louis XV. Un bâtiment annexe abrite six cabinets particuliers où l'on peut bouffer et baiser en toute quiétude. Le marché de l'auberge est très large : il va du séminaire de cadres au souper pré-copulatoire des chevaliers de l'industrie, en passant par les repas de baptême et de communion.
L'auberge porte bien son nom : de l'autre côté de la nationale meurent lentement d'asphyxie des hêtres et des bouleaux qui forment un dernier carré condamné à l'extermination. Aux dominicaux chercheurs de champignons ou dingues de jogging, l'on a facilité l'accès de ces maigres fourrés en réalisant une voie de dégagement.
O. Lhostis y gare sa voiture et se cache dans le bois.
Le banquet des légionnaires de l'honneur a lieu le premier mercredi de chaque mois. Les réunions d'été se passent généralement en petit comité, la belle saison éloignant de la capitale la plupart des membres. Il n'y a guère, en juillet et août, que les légionnaires séniles incrustés dans les environs de Louveciennes pour s'accrocher à ces rencontres estivales.
Par contre, le banquet d'octobre est très prisé. C'est la rentrée : des amis ne se sont vus de tout l'été, les dames tiennent à montrer leur hâle importé des pays en voie de développement, et l'automne coïncide avec l'abondance des sujets de conversation - vacances, ouverture de la chasse, rentrée politique -, en même temps qu'avec les premiers frimas l'on constate un regain d'appétit pour les plats en sauce. Et de plus, pour peu que le temps s'y prête, qu'il y ait un bon coup de froid, les épouses peuvent sortir leurs fourrures de la naphtaline, et ce plaisir est très recherché qui permet l'ineffable contraste entre un visage bronzé et le col relevé d'un vison clair. "
Critiques :
" - Après Marée basse, Quai de la Fosse, Toilette des morts, d'Hervé Jaouen (l'auteur talentueux de La Mariée rouge, récent Grand Prix de littérature policière avec Hôpital souterrain) mérite assurément une seconde lecture. "
Le Figaro - (supplément littéraire) - 09/03/1992
" - Quand un réfractaire au Service National veut simuler la folie, il doit traverser de nombreuses épreuves. Les autorités militaires ne sont pas dupes. Pourtant, il montre bien des faiblesses psychologiques, avérées dans un rapport médical. Lhostis endure l'éprouvant régime qu'on lui impose. Mais sa femme Corinne se suicide. A sa sortie, il va châtier les six responsables de ce drame. Le patron d'un réseau de la Sécurité Militaire, qui le traque, ne pourra l'en empêcher. A la fin de sa mission, Lhostis rencontre une femme lui rappelant beaucoup son épouse. Mais la vérité n'est peut-être pas dans la tête de Lhostis... "
Claude Le Nocher
" - Un jeu de miroir entre une histoire réelle et une histoire imaginée : un aide-comptable simulant la folie pour être réformé est interné dans un hôpital psychiatrique. A sa sortie, il met au point un plan diabolique pour se venger des officiers qui l'ont condamné. "
Claude Mesplède
" - À côté des textes structurés de Coatmeur se développe toute une gamme de romans noirs de formes beaucoup plus libres. On citera Toilette des morts (Fleuve Noir) d'Hervé Jaouen, la longue et inquiétante confession d'un conscrit en attente d'exemption pour difficultés psychiatriques à l'hôpital militaire de Rennes. Incorporé à Vannes malgré son état mental, il tient pour responsables du suicide de sa femme les membres du tribunal des forces armées qui l'ont sanctionné et éloigné de son foyer. Son récit, fruit de sa seule imagination paranoïaque, détaille la façon dont il les punit. "
Jean-Yves Ruaux - Écrire en Bretagne - Roman policier en Armorique
" - Un homme très amoureux de sa femme simule la folie pour se faire réformer du service militaire. Les majors, qui n'ont rien de mieux à faire, s'intéressent à son cas et le mettent en observation dans un service psychiatrique. Sa femme esseulée et dépressive se suicide. L'homme enfin réformé peut retrouver la vie civile. Peu après, périssent de mort violente les six officiers qui ont refusé de le réformer...
Le récit s'organise au présent avec des retours en arrière où s'intriguent dans l'action rapports médicaux et dossiers militaires. Cela sort de l'ordinaire et s'en prend violemment à l'une de nos plus belles institutions, tout en sapant à l'arrière notre moral de civil. "
Jean-Pierre Deloux - Le Polar Régionaliste Français (Polar n° 8 - décembre 1992)
" - A enterrer de suite
La collection de romans policiers "Engrenage" se distingue par la médiocrité générale de ses textes. L'on peut a bon droit se demander si ses responsables ne s'ingénient pas à promouvoir une sous-littérature de bazar où l'accent serait mis sur l'expression d'une sensiblerie gauchiste avec, en prime, les pires tares du néo-polard.
Le dernier livre "Toilette des morts" d'Hervé Jaouen mériterait - si un prix de nullité existait - d'emporter les suffrages du jury. Un conscrit tout à son délire antimilitariste rêve de bousiller ces satans des temps modernes que sont les officiers d'une commission de réforme tenus pour responsables de tous ses malheurs. Les divagations de ce psychopathe se trouvent narrées dans ce texte où la futilité de l'intrigue n'a d'égale que l'absence d'écriture. Pour parfaire le tout, la jaquette de ce livre exhibe un soldat britannique en faction en Irlande du Nord. Vraiment n'importe quoi. "
Minute - 14/10/1983
" - Se venger. Tuer...
A sa sortie de l'asile, il réussit, grâce à un plan minutieusement établi, à retrouver et à tuer, l'un après l'autre, les six officiers qui avaient refusé de la réformer.
Après "Quai de la Fosse" et "Marée basse", une nouvelle image d'un auteur infiniment talentueux. "
Languedoc - 06/10/1983
" - Lorsque vous êtes appelés sous les drapeaux, essayez de simuler la folie. Hervé Jaouen vous propose une solution dans "Toilette des morts" avec en prime un rebondissement imprévu. "
Pilote - Novembre 1983
" - Tout d'abord, dans la collection "Engrenage", Hervé Jaouen, auteur de quelques bons romans dans cette série - nous pensons surtout à "Quai de la Fosse", prix du suspense français en 1982 - nous propose "Toilette des morts". C'est un festival de flashes-back avec un remarquable dosage du passé, présent et futur. Un récit fou, un combat désespéré... On a l'impression qu'il s'agit d'une vengeance sans surprise. Et, tout à coup, lors du dernier chapitre, c'est le coup de théâtre. Vraiment, Hervé Jaouen est aujourd'hui l'un de nos meilleurs auteurs de romans policiers. "
Le Républicain - 13/10/1983
" - Jaouen est par excellence l'auteur qui allie le roman noir au mélodrame. Il le fait avec talent et son écriture lui est spécifique. [...] Le dernier paru est donc "Toilette des morts". Ollivier Lhostis est en passe de devenir expert-comptable, il est marié à une agrégée de lettres et père d'une petite fille. Pour continuer et finir ses études, il a poussé le sursis jusqu'au bout, mais l'armée n'oublie rien, résultat : un an de galère. Il refuse en bloc cette obligation des plus insupportables et décide de jouer la carte de la maladie mentale avec au bout la réforme. Fausse donne, c'est à l'asile qu'il se retrouve. Sa femme ne supporte pas l'échec et surtout ce qui en découle et elle se suicide. Pour Lhostis, l'armée est responsable de sa mort, alors en sortant, il décide de tuer les six hommes qui sont à l'origine de son internement.
Mais à rôder aux frontières de la folie qui peut savoir comment l'esprit va réagir ? Une écriture faite de flashes-back, d'extraits de dossier de la sécurité militaire et du récit proprement dit, accentue la montée vers le drame qu'un final surprenant fera complètement basculer.
J'ai connue les carrelages blancs des hôpitaux psychiatriques de l'armée, les pyjamas sans forme, les calmants à la pelle et l'espoir fou du dehors, le roman de Jaouen est un drame pur, la vie parfois l'est aussi.
Ça peut révolter, dégoûter, amuser, mais il faut le lire. "
Les Nouvelles d'Orléans - Octobre 1983
" - Plongée morbide que celle de Ollivier Lhostis. Au début, pourtant, tout semble lui réussir. Avant d'aller faire son service militaire il a déjà une belle situation sociale, appartement, femme et enfant. Comme beaucoup de jeunes il espère éviter les longs mois de service et tente de se faire éjecter de l'armée en simulant la folie. Mais la Grande Muette ne veut pas le lâcher si facilement et, au fil des jours, Ollivier plonge réellement dans cette folie qu'il simule au départ. Interné, il s'enfuit, avec une seule idée en tête : se venger de ceux qui lui ont fait du mal, ont causé sa perte et celle de sa femme. Et pour cela il tuera, plusieurs fois, obsédé par la "Toilette des morts", un livre qu'on a laissé traîner par hasard dans sa chambre. "
G. K. - La Suisse - 08/10/1983
" - Le sixième roman de ce Breton pas comme les autres dont le premier livre, "La Mariée rouge", est republié aux Nouvelles Éditions Oswald. Un talent fou, cette fois mis au service d'une épouvantable affaire de vengeance dans les milieux de l'armée. Autant dire (l'occasion est trop belle pour ne pas louper l'image) que tout le monde en prend pour son grade. Mais entre les lignes de ce roman écrit avec des balles blindées pointent aussi d'étranges accents de tendresse refoulée et de désespoir. Le néo-polar est grand et Hervé Jaouen est un de ses prophètes les plus doués. "
Le Magazine Littéraire - Octobre 1983
" - Jaouen, plus noir que jamais
Hervé Jaouen fait coup double en cette rentrée policière. D'un côté, "Le Miroir obscur" réédite "La Mariée rouge" et l'accueille aux côtés d'Ellery Queen, Malet, Dickson Car dans le panthéon de la littérature policière. De l'autre, la collection Engrenage, qu'il inaugura en 1978 avec "La Mariée rouge", publie son sixième roman "Toilettes des morts".
Au début, "Toilettes des morts", c'est un manuel pratique à l'usage des infirmières qui préparent le corps du défunt à la mise en bière. A la fin, "Toilette des morts", c'est le roman d'un schizophrène détenu dans une cellule du service de psychiatrie de l'hôpital de Rennes. Entre, se déroule une lutte individuelle et violente contre l'armée.
Un des symptômes de schizophrénie, c'est de ne plus pouvoir distinguer la réalité de l'imaginaire. Pour préserver son équilibre familial, le jeune Ollivier Lhostis se met en tête d'obtenir la réforme. Mais à force de simuler la folie, la folie s'empare de lui. Car Ollivier Lhostis n'est pas très différent d'autres personnages d'Hervé Jaouen. Comme le docteur Kévin du "Quai de la Fosse", ou Didier de "La Mariée rouge", ce jeune homme est brillant, cultivé, séduisant, mais son psychisme faible s'use au contact de l'armée. Kévin aussi se détruit à l'épreuve des notables provinciaux qu'il croit pouvoir singer.
L'univers de Jaouen est empreint de fatalisme, il n'y a pas d'issue aux combats de ses personnages. Lhostis ne peut à lui tout seul avoir raison de l'armée : au bout du chemin, l'autodestruction. Chez Jaouen, on ne se sauve jamais.
Avec "Toilettes des morts", Jaouen confirme également ses talents d'auteur de "thriller" déjà entrevus dans "La Mariée rouge". La chasse que mène Lhostis aux six militaires jugés responsables de son aliénation est remarquablement conduite. Ils y passeront tous, un à un, victimes de scénarii parfaitement réglés. La vigueur du rythme et justesse du ton ménagent le suspense. "
Patrick Venries - La Dépêche du Midi - 30/10/1983
" - Je voudrais profiter de la "trêve" littéraire de janvier pour vous présenter ces deux prochaines semaines les meilleurs policiers, français et étrangers, inédits ou en réédition, parus au cours du dernier trimestre 1983. Pour commencer, aujourd'hui, le meilleur inédit français (à mon avis, bien entendu...) : "Toilettes des morts", d'Hervé Jaouen (collection Engrenage/Fleuve noir).
Un expert-comptable de vingt-cinq ans, Ollivier Lhostis, marié avec une femme Corinne, qu'il adore, tout autant que leur petite fille, n'a pas obtenu le statut de soutien de famille et, ses sursis épuisés, doit exécuter son service militaire.
Pour se faire réformer, il simule la folie. Mais, catastrophe, sa femme ne pouvant supporter cette "folie" s'est suicidée. Du moins, Ollivier en est persuadé.
Il décide donc de se venger sur la personne de six officiers, coupables à ses yeux de ne pas l'avoir réformé.
Ayant décidé de paraître guéri, il obtient, sans peine, du conseil de réforme qu'il le rende à la vie civile.
Et que la chasse commence !
Le capitaine Lachaume sera le premier à en pâtir. Le capitaine Ballerie ne fera pas non plus de vieux os, au camp de Meucon, où il "sévit" au détriment de gauchos réunis là. Le commandant Couturier apprendra à ses dépens qu'il n'est pas toujours bon, même quand on est à la retraite, d'aller taquiner tous les jours la truite dans le Verdon. Guichard, le toubib, n'aura plus guère l'occasion de monter dans le car. Le colonel Hamon, lui, ne se doutait sans doute pas du "digestif" qui l'attendait pour clôturer son déjeuner avec des anciens dans une auberge de Louveciennes. Quant au général Ziegler, avant de regarder vers la forêt, au cours de la réception qu'il avait organisée dans sa résidence de Baden-Baden, il ne se doutait pas de ce qui allait le frapper.
Mais, observateur attentif de ce jeu de quilles, le colonel Laforgue, de l'ex-sécurité militaire, sait jouer avec les fichiers et les ordinateurs. Sous le nom de code de "saint Georges" il reconstitue petit à petit le puzzle.
On se laisse tout à fait prendre par cette histoire, même si les sous-entendus politiques sont un peu appuyés. Jusqu'à ce qu'un dénouement pathétique nous révèle... qu'un bon écrivain sait jouer, dès les premières pages, avec ses personnages et ses lecteurs !
Vous vous en souviendrez sans doute longtemps de Lhostis, héros tragique, animé depuis sa jeunesse d'un profond sentiment de révolte contre l'ordre établi. Hors des sentiers habituels de la morale, mais aimant passionnément sa femme et sa fille.
C'est remarquablement construit, en puzzle, avec des flashes-back qui multiplient les effets de suspens ; et un usage très habile des "fiches", fiches de la sécurité militaire, fiches médicales, comme des retours du héros sur son passé.
Ce roman, un peu amer, est d'une prenante intensité et d'une très grande finesse d'analyse psychologique.
Avec ce livre, l'auteur du remarquable "Quai de la Fosse" confirme sans tapage et sans effet de mode, qu'il est désormais l'un des grands du roman policier français d'aujourd'hui. "
Jacques Paugam - Panorama du Médecin - 11/01/1984
" - Depuis pas mal de temps, Hervé Jaouen fait du rase-mottes au-dessus du chef-d'œuvre. Il atterrira bien. Ici, c'est l'armée avec ses lourds règlements qui nous claque du talon dans l'estomac. Il paraît que pour la réforme c'est du côté mental que ça marche le mieux.
Une écriture et un découpage surprenants qui font que ce roman n'est peut-être que le prologue à la vraie histoire qui, elle-même, ne sera que le roman, etc. On jugera cela peut-être trop intelligent et distancié par rapport au genre. Mais il faut toujours encourager les inventeurs. "
L'Humanité Dimanche - 25/11/1983
" - Une histoire absolument effrayante de vengeances en série par un psychopathe qui manie le fusil à lunette avec une extraordinaire dextérité, un révolté qui n'hésite pas à tuer tous ceux qu'il considère comme responsables de son manque de réussite, du capitaine au général.
C'est écrit sur un ton particulier, beaucoup de vivacité dans le récit, des annotations percutantes, une suspense qui se maintient non seulement par la suite événementielle, mais aussi par la construction de la narration. Une étrange inquiétude se crée, un climat, une densité oppressante. Où est le réel ? Quand commence l'imaginaire ?
Cette série "Engrenage" au Fleuve Noir en est à sa soixante-dix- septième parution. C'est le néo-polar, une nouvelle expression qui nous donne un ton neuf au récit, un ton acide, riche, une langue et une stylistique différente. Jaouen, qui en est à sixième roman, apparaît comme un des chefs de file. A suivre, assurément... "
R. Berard - Le Commercial du Gard - Novembre 1983
" - Nom : Jaouen. Prénom : Hervé. Profession : romancier, mais seulement de temps en temps, après ses heures de bureau. Signe particulier : vient de sortir un nouveau roman policier aux Éditions Fleuve Noir, collection Engrenage. Titre : "Toilette des morts". Brrrr... À faire frémir, non ? Oui et non. Certes, c'est un roman violent, hargneux, une sorte de coup de poing rageur dans le train-train du polar. Il en a un culot, le Jaouen ! Un bon culot de Celte élevé du côté de Quimper, pas froid aux yeux pour deux sous, avec une plume trempée dans l'embrun et le sang.
Le sujet, c'est l'armée. L'armée compressant les personnalités, ramenant l'individu à un simple numéro matricule. Ollivier Lhostis, un jeune Breton comme un autre, incorporé pour cause de service militaire. Or, il semble que tout se soit très mal passé pour lui. Un choc. Et vite, il va confondre imaginaire et réalité. Il va s'inventer un monde où seule la vengeance dictera sa loi.
La tête d'Ollivier Lhostis est pleine d'éclats d'images sombres et bientôt il va frapper. Il a décidé d'abattre six gradés de l'armée. Tueur solitaire, il les cueille dans leur décor quotidien. Corinne, sa femme, et sa petite fille, vivent en arrière-plan de sa folle équipée. Folle équipée de sa tête puisqu'il s'agit en fait d'un manuscrit qu'il rédige dans un service psychiatrique.
Très bon roman noir d'Hervé Jaouen. A chaque fois c'est mieux. C'est pour dire ! Il a du punch, notre Breton. Il réinvente là le polar, il se fait Chase made in Finistère, il nous promène dans une violence explosive, nous jetant sur les traces d'un rebelle qui montre les dents. Un cauchemar au quotidien, un destin mis en camisole de force et qui jette sa folie sur le papier. Mots-sang. Mots-haine. Et Jaouen a les siens, lui aussi.
Des mots qui frappent, qui vont vite, avec lesquels il ne prend pas de gants. Il ne biaise pas. Des termes crus, style langue parlée parfois, qui ne donnent que plus de vérité à l'ensemble. Hervé Jaouen nous livre un quotidien brut, comme un pain qui sort du four, un steak sur un étal, du sang sur la chaussée. Pas de littérature rose-bonbon, un style direct qui cogne comme sur un ring, qui galope comme une marée pressée. "
Jean-Pierre Fily - La Bretagne à Paris - 14/10/1983
" - Lavage de crâne !
C'est la première fois que je lis ce livre malgré le fait qu'il date de 1883 et a été réédité en 1992. Donc malgré toutes mes recherches, j'ai encore (et c'est tant mieux) quelques lacunes dans ma lecture de l’œuvre d'Hervé Jaouen !
Un homme dans un hôpital psychiatrique regarde le livre de cours d'une infirmière militaire... le chapitre qu'elle étudie est... "Toilette des morts"... il pense à son épouse récemment décédée. Comment et pourquoi ?
Ollivier commence à travers la France une longue traque pour retrouver et tuer six officiers qu'il juge responsables de son séjour en hôpital psychiatrique et donc du décès de Corinne. Il s'organise, connait le monde des banques, donc l'argent ne lui manque pas, et la haine est un puissant levier...
Mais ces morts suspectes d'anciens officiers finissent par intriguer le commandant Laforge... qui cherche le lien entre tous ces décès...
Ollivier Lhostis est, au début de ce récit, un homme de son époque, marié et père de famille, pas très porté sur l'armée et pensant avec juste raison que la France n'a pas forcément besoin de lui, il espère être dispensé de cette corvée d'un an... il cherche malgré tout une solution médicale pour justifier cette exemption. Manque de chance, il ne choisira pas la plus facile et de ce fait s’aliènera les gradés qui doivent décider de son sort... À la place de la liberté rêvée, c'est la prison et un drame qui l'attend ! Corinne son épouse est en effet retrouvée morte chez elle. Il avait une petite fille Valentine...
Le commandant Laforge, de son nom de code Saint Georges, fait partie d'un service qui n'a plus réellement d’existence légale, donc son rayon d'action est plutôt limité... la mort de ces militaires semble être l'œuvre du même homme. Mais qui est ce mystérieux tueur, six morts déjà et surtout quel est le lien entre eux ? Et qui peut leur en vouloir à ce point ?...
Les chapitres sont différenciés en plusieurs catégories : O.Lhostis se souvient... d'autres sont des rapports de la sécurité militaire, section Saint Georges, dossier O.Lhostis. Il concerne Ollivier ou son épouse et émane de diverses sources officielles légales ou non.
Hervé Jaouen parle dans ce livre de la toute puissance de l'armée à travers l'exemple d'Ollivier, 25 ans, marié, père de famille, des études et une future belle situation, bref la tête de turc idéale pour certains militaires rescapés de bibine et d'anciennes guerres coloniales ! La victoire de la gauche, la suspension de la sécurité militaire, jouent un grand rôle dans cette histoire. En plus le susnommé Ollivier semble, pour la hiérarchie militaire, un dangereux gauchiste, un ex-soixante-huitard, bref un "ennemi de l'intérieur". Choses qui semblaient courir les rues en France à une certaine époque où pullulaient les barbus, chevelus et autres pacifistes de tous crins et de tous poils!
D'une histoire de vengeance somme toute classique dans la littérature noire, Hervé Jaouen dresse un constat social. Comme dans "Les Endetteurs" vis-à-vis du système bancaire, "Les ciels de la baie d'Audierne" vis-à-vis de la justice, ici c'est l'armée qui brise des destins et des vies.
Mais où est la réalité ?... "
Eireann561.canalblog.com – 22/01/2012
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