Résumé :
- Edition 1985
Un curé séparatiste, une vierge folle, un bachelier frustré et un joueur de biniou : un quarté en plein désordre qui sème la dynamite, moissonne les touristes et récolte des C.R.S.
Il était une fois dans Brest...
- Edition 2002
" Pleure pas sur ton biniou. C'est de la dynamite. On y rencontre des autonomistes bretons un peu fous et pourtant bien sympathiques qui ne trouvent rien de mieux à faire que de prendre un certain nombre de touristes en otages. Cela commence comme une farce pour se terminer en tragédie. Il y a là, en filigrane, tous les problèmes de la Bretagne. Comme quoi, le polar touche toujours à l'actualité. "
Pierre Lebedel - Pilote
" On connaissait l'humour anglo-saxon, l'humour juif new-yorkais... Avec Jaouen, voici l'humour breton. Une Bretagne qui n'est ni celle des cartes postales, ni celle de Claude Chabrol. "
Polar
" Bref, réjouissant, noir et féroce. "
Ouest-France
Extrait :
" - Notre mission est politique, mais la politique passe avant tout par l'économie, dit Colette.
- C'est pourquoi nos revendications doivent rester sur le terrain de la politique économique. Aussi ai-je pensé à deux choses : premièrement, la Bretagne est sous-développée parce qu'elle est exploitée par l'Etat et l'industrie française. Exemple : pourquoi le kilomètre-marchandise, par fer, est-il plus cher en Bretagne qu'en France ? Parce que nous, Bretons, comblons le déficit de la S.N.C.F. Il nous faut donc donner à la Bretagne les armes pour la compétition économique : abolir les taxes, instaurer la gratuité des transports, supprimer les charges sociales pour nos entreprises qui, ainsi, se tourneront avec succès vers l'exportation, la vocation de notre pays ! Deuxièmement, il est facile de constater que les communes bretonnes dépensent chaque année des milliards (barrages, adduction d'eau, stations d'épuration, routes, etc...) pour recevoir un tourisme pollueur. Les casseurs doivent être les payeurs ! Créons une frontière, et qu'à cette frontière, il y ait un péage ! Je ne sais pas, moi, cent balles par personne. Soit, pour environ deux millions et demi de visiteurs, deux-cent-cinquante millions, vingt-cinq milliards anciens. Un bon début, non ?
- Formidable, dit l'Abbé, en avalant un verre d'Irlandais.
- Les Français rembourseront aux Bretons leurs morts de quatorze-dix-huit ! dit Buffet, lyrique. "
Critiques :
" - Encore un roman noir de l'auteur français et breton Hervé Jaouen. Plus behaviouriste que simple auteur de polar, Hervé Jaouen aime raconter l'histoire de pommés, de minables parfois qui sans trop de raisons ont pris le mauvais cap, ils sont mis en action le jour où tout à basculer. La fin est souvent tragique.
L'autre source d'inspiration est constituée d'une étude des mœurs par classe sociale dont l'auteur se moque de manière grinçantes.
Pleure pas sur ton biniou est l'histoire de quatre autonomistes bretons, autonomistes plus par désœuvrement et finalement par hasard que par conviction, qui pour briser la routine se lancent dans des actions terroristes sans en mesurer la portée ni les conséquences. "
" - Directeur d'une agence bancaire, Hervé Jaouen publie son premier roman chez un petit éditeur local breton Les Binious bombardent sous le pseudonyme de J.M. Kérity, première version de La petite fille et le pêcheur et sous le titre définitif Pleure pas sur ton biniou. Dans chacun de ses romans, il manie habilement l'ironie. "
" - Le folklore en Bretagne, c'est primordial. Ouais c'est vrai, bouffer des crêpes, du beurre salé et danser accroché par le petit doigt on voit ça fréquemment... Mais c'est vrai que y'a d'autres trucs dans le folklore breton, y'a les marées noires et les attentats indépendantistes aussi...
Ça y est, on touche au cœur du sujet ; ils font les malins à faire péter des bombes mais y'a rien de concret et ça fait le charme du pays. Mais les quatre membres du FROCLIB ils se sont dit : assez ! Finies les vacances maintenant on va faire une prise d'otages pour déconner !! Sus aux Parigots, ça va trembler dans la capitale ! Le Froclib c'est un nouveau groupuscule indépendantiste au service de dieux ; mais faut savoir quels dieux c'est... Ils forment un groupe de quatre membres avec à leur tête un abbé alcoolique à la façon du pays et pas farouche à la luxure le vieux ; et quand il part bien, il y va de son délire révolutionnaire à la Guevara les yeux exorbités et les membres affolés. En bref, un groupe mené à main de maître par un bargeot 68ard chrétien. Autant vous dire que ça sent pas très bon pour les négociations.
Une grosse dose d'humour dans cette réédition du roman d'Hervé Jaouen. On sent bien le vécu du pays à travers tout un tas de plou-machins et de façons de vivre. Le style est vraiment sympathique ; on retrouve un peu le langage argotique 80 à le "Kebra" mais c'est qu'il date ce bouquin en fait. Le seul problème quand même c'est le déroulement narratif : y a trop de chapitres au début et ça prend un peu la tête mais ça va mieux au fur et à mesure du récit.
En gros, c'est un petit bouquin vraiment sympa et plein d'humour. Et on se dit que si les cathos étaient comme ça, on irait peut-être à l'église... "
" - Les prêtres et les prélats sont souvent personnages de romans policiers ayant trait à la Bretagne (... Pleure pas sur ton biniou d'Hervé Jaouen, Gallimard, Carré Noir, 1985). "
Jean-Yves Ruaux - Écrire en Bretagne - Roman policier en Armorique
" - La désespérance des individus est formulée de façon plus absolue, plus apocalyptique dans l'œuvre de Jaouen. Exemple : l'équipée du Froclib qui détruit les monuments symbolisant l'oppression française avant de s'en prendre aux touristes. (La petite fille et le pêcheur, Engrenage, Fleuve Noir, 1980 ; repris sous le titre Pleure pas sur ton biniou). "
Jean-Yves Ruaux - Écrire en Bretagne - Roman policier en Armorique
" - Ça boum à Brest ?
Les aventures de trois mousquetaires et d'une mousquetaire (esse ?) à Brest, dans les glorieuses années 1970.
Reconnaissons tout net que l'histoire policière n'est qu'un prétexte à une explosion de...rire.
Le FROCLIB a décidé de s'attaquer au signe du colonialisme français en Bretagne, après les militaires et le pouvoir financier, l'église catholique, sus au tourisme !
Après un inventaire de victuailles, bières et surtout pâtés "Hénaff" (200 pour le liquide, 100 pour le solide), nos compères sont prêts à prendre le maquis, après une nuit "Bleue" avec moult explosions. Après avoir organisé une prise d'otages, ils lancent un ultimatum au gouvernement par l'intermédiaire d'un journal. Après avoir transformé une modeste chapelle bretonne en "Fort Alamo", les aventures peuvent continuer. Pour donner un peu de sel (de Guérande) à cette histoire, vous saupoudrez d'un journaliste à l'imagination délirante, inversement proportionnelle à son sens de la déontologie. Un peu d'alcool et de sexe, sinon ce serait une enquête du "Club des cinq". Un brin de parfum et un pardon breton seront quelques autres ingrédients pour parfaire le bouquet final.
Les personnages par ordre d'entrée en scène :
Bêtàbondieu, d'après ses collègues d'IUT, il est bigot, limite demeuré et plein de taches de rousseur, d'où son surnom. Joueur de biniou émérite, il anime défilés et Festoù Noz.
Buffet, autre surnom, dessinateur industriel, il ne sait faire que des lignes droites et se prénomme Bernard. N'est pas plus malin que Bêtabondieu, mais lui sa spécialité, c'est la danse bretonne.
L'Abbé, curé défroqué (surtout devant les jeunes femmes), 37 ans mais d'après l'auteur :
- Sa gueule avait largement passé la soixantaine. Marquée par l'alcool, les femmes et les maladies tropicales.
Lui aussi est à sa manière un défenseur de la culture bretonne, je dis bien à sa manière.
Colette, elle a 23 ans, vierge, son fiancé s'est suicidé avant de passer à l'acte. Elle n'aime que deux entités, Dieu et la Bretagne. Mais être comme cela du jour au lendemain entourée de trois hommes en état de marche n'est pas fait pour lui déplaire.
Joyeuse parodie de roman policier, tous les clichés sur le tourisme en Bretagne, les mouvements autonomiste de ces années là. Un livre jouissif, mais Hervé Jaouen est un très grand écrivain de roman policier, donc prenez ce roman comme une récréation, et lisez également "La mariée rouge" ou "Hôpital souterrain" et pour les fans comme moi ses œuvres sur l'Irlande.
Quelques titres de chapitres :
Troisième membre : la nana ; Portrait de flic, avec journaliste ; Le sermon baroque ; Sus aux Parigots.
Extraits :
- L'histoire de Colette, c'était autre chose que celle de la Princesse de Clèves.
- Il aurait un compte ouvert dans les auberges discrètes où les secrétaires déhoussent leur clavier personnel à l'usage de leurs patrons chéris.
- Nombreux furent les couples qui pour retrouver un sommeil nerveux, firent l'amour, au mépris d'un calendrier des dames oginophiles.
- Nous sommes le Front Chrétien de Libération de la Bretagne.
- Cette chapelle qui témoigne de l'art de nos pères avant que ce pays ne soit vendu et profané par les fesses d'Anne de Bretagne.
- N'importe quel manuel de sociologie vous le confirmera : l'un des caractères ataviques du Breton est d'être alcoolo.
- Buffet et Bêtabondieu, les goujats laissèrent Colette au bord de la défaillance orgasmique.
- Le lambic, made in Brittany, distillerie Roboen, illicite bouilleur de cru, titrait un bon 70°.
- La Bretagne est à la mode parce que les Bretons s'accrochent désespérément à ce dernier bien qu'ils ne veulent pas vendre : la qualité de la vie. "
Eireann561.canalblog.com
" - Dans les années 1970, sous la direction d'un prêtre défroqué schizophrène, un joueur de biniou, un dessinateur industriel et une jeune institutrice en mal de mâles, se mettent à jouer les activistes bretonnants armés, organisent des attaques à la petite bombe et une levée en masse d'otages, cachés dans une chapelle rustique qui devient également lieu de rencontre d'un spécialiste d'art gothique avec sa femme et fille, d'un prêtre en procession, de deux bandits de grand chemin voleurs de Chanel 5, suivis de policiers, journalistes et politiciens. Même les policiers ne prennent pas la situation complètement au sérieux. Il tombe quand même quelques morts à la fin.
Tous les clichés imaginables et inimaginables y passent, alors le livre a un sous-entendu de ridiculisation autant des officiels, des journalistes, des touristes que des activistes Bretons, qui, je m'en souviens, étaient dans les années 65-75 assez bombardant et anti-touristiques avec des graffitis "merde aux touristes". Une histoire drôle racontée d'une verve spéciale, un bon passe-temps pour temps de pluie ou de plage. "
Groups.msn.com/Leclubdesratsdebiblionet - Gallomaniac - 02/04/2007
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