Type : roman
Publication : 2007 - 2008 - 2010 - 2010 - 2011
Auteur : Hervé Jaouen
Editeur : Presses de la Cité
A été publié en ebook
Résumé :
Fanch Goasdoué, le patron de Roz-Kelenn, a traversé le XXe siècle en dirigeant sa ferme et sa famille d'une main de fer. Respecté de tout le voisinage, qui était-il vraiment, aux yeux des siens ?
Dur à la tâche, entreprenant et autoritaire, Fanch Goasdoué s'affirme dès sa jeunesse comme une figure de fermier exemplaire. Avec sa mère, Jabel gozh, une maîtresse femme sortie de la misère à force de courage et de travail, il s'acharne à transformer la petite métairie de Roz-Kelenn en un domaine prospère, à Briec-de-l'Odet, près de Quimper.
Mais cette réussite cache une vie familiale moins glorieuse. Père de trois filles qu'il ne sait pas aimer, il feint de ne pas voir l'état de santé de plus en plus inquiétant de sa femme, la douce Adelice, qui s'épuise aux corvées. Jusqu'à ce que l'une des filles, Soizig, révoltée par son indifférence et aussi forte tête que sa grand-mère, décide de ne plus baisser les yeux devant le seigneur et maître de Roz-Kelenn. Entre eux, désormais, c'est la guerre.
Extrait :
" Nous vous proposons ici de découvrir l'intégralité du chapitre 1.
À l'origine de la ferme des Goasdoué de Roz-Kelenn, il y eut une maîtresse femme, restée dans les mémoires sous le nom de Jabel gozh - la vieille Isabelle -, comme si elle n'avait jamais eu de jeunesse. Il faut dire que de son enfance les gens connaissaient seulement ce qu'elle avait pu raconter : une rescapée de la misère ne parle pas à tort et à travers, même à l'âge où les anciens arrangent les histoires à leur façon.
Elle était née en 1892, à mi-chemin de Quimper et Briec, au bord de la rivière Odet, dans une masure dont les propriétaires, les Bolloré de la papeterie, avaient laissé la jouissance gratuite à ses parents, en contrepartie de menus travaux d'entretien des allées de chasse du domaine, à quelques kilomètres de là. Le père de Jabel, un journalier de faible constitution, un beau matin était parti faire chemineau, laissant sa mère se débrouiller avec la vache pie noire et ses deux filles en bas âge, Jabel et sa sœur Maï-Yann.
Des années plus tard on le retrouva paraît-il noyé dans un fossé, du côté de Redon. Quand elle en parlait, Jabel gozh n'était pas méchante avec son père. Elle disait que les hommes comme lui, qui ne parlaient pas français, sans un bout de terre à eux ni instruction ni quoi que ce soit, à l'époque avaient le choix entre l'esclavage chez un pinvidik (1), prendre leurs cliques et leurs claques, ou bien encore se passer la corde au cou.
Au moins, quand ils ne se pendaient pas mais quittaient le pays, on avait l'espoir qu'ils reviennent. Il y en avait qui trouvaient du travail dans une usine ou dans un port aux confins de la Bretagne, et rentraient un beau jour avec plus d'un gwenneg (2) en poche, de quoi acheter une vache, une truie et même des fois un cheval de trait, le début de la fortune.
Mamm, la mère de Jabel gozh, n'avait pas eu la chance de voir revenir son homme, enterré donc en pays gallo, dans le coin des indigents d'un cimetière quelconque. Elle n'eut pas de chance non plus avec sa santé. Jabel gozh n'avait pas d'autre souvenir de sa mère qu'allongée sur son matelas de balle d'avoine, dans la cabane couverte de genêts et d'ajoncs qui leur servait de maison. "Je suis née dans une crèche, comme le petit Jésus, plaisanterait parfois Jabel gozh, sauf qu'il n'y avait pas de bœuf dans l'étable et que les rois mages ne sont pas venus."
Mamm réussissait à se lever pour aller faire ses besoins dehors, mais le reste du temps restait allongée, une bouillotte sur l'estomac, rongée par la maladie, le visage bruni et craquelé comme l'écorce d'un vieux têtard de chêne, alors qu'elle n'avait pas vingt-cinq ans. Le dernier veau avait été vendu sitôt sevré, et tous les sous dépensés depuis belle lurette. La vache n'avait jamais donné beaucoup de lait, qui ne mangeait que ce qu'elle pouvait brouter au bord des chemins, mais là c'était pire, car les mains des deux petites manquaient de force pour lui presser les pis.
Un jour, de son lit, Mamm appela Jabel, entrouvrit ses yeux sanieux de larmes de douleur et lui dit de sa voix fatiguée :
- Mamm n'en peut plus, ma pauvre fille... Prends ta sœur avec toi, partez en vadrouille, allez chercher votre manger autour... On vous donnera bien un morceau de pain ici ou là...
Jabel avait six ans et sa petite sœur Maï-Yann tout juste un an de moins. Main dans la main, les deux sœurs partirent mendier en direction des fermes qui se signalaient à leurs oreilles par des bruits lointains, hennissements, meuglements, cris de cochons, crissements de roues de charrette, tout autant que les appels des hommes aux champs et le cliquetis des pierres à affûter sur leurs faux, des sons prodigieux, à vous creuser l'estomac, annonciateurs d'abondance. Elles ignoraient que ces bruits annonçaient aussi des dangers qui les guettaient dans les cours : chiens aux babines retroussées, truies féroces en liberté, garçons de ferme à la bouche baveuse et au regard torve d'innocents.
Dans la première ferme, elles demeurèrent tétanisées devant un grand chien noir heureusement à l'attache, en priant sainte Cécile, la patronne de la chapelle voisine, qu'il ne casse sa chaîne et ne les dévore. La fermière finit par apparaître sur le seuil de sa porte, sa spanell (3) à la main. C'était un vendredi et elle avait fait des crêpes à midi pour son mari et les trois commis, plus la bonne qui ce jour-là mettait les pieds sous la table parce que, trop nulle devant une pillig (4), elle gâchait les trois quarts de la marchandise - et peut-être bien qu'elle le faisait exprès, pour se faire servir. De mauvaise humeur, les joues en feu et les chevilles gonflées d'être restée trop longtemps debout, la fermière finissait la pâte, une fois tout le monde reparti aux champs.
- Malheur de Dieu ! jura-t-elle, puis elle se signa vivement.
Le chien noir continuait d'aboyer et de cracher comme un dragon.
- Ferme ta trappe, toi ! lui cria-t-elle dessus, puis elle continua d'une voix aiguë : Ma ! Regardez donc qui vient là ! Mais qui êtes-vous ? Les filles de la jeune veuve de la cabane, peut-être ?
Depuis des mois elles allaient nu-pieds et la crasse leur montait jusqu'aux genoux comme des chaussettes longues. Leurs robes et leurs sarraus n'avaient plus de couleur et leurs cheveux longs pendaient gris et raides de poussière, encadrant leurs joues et leur bouche croûtées de lait séché. Dans toute cette saleté, seuls leurs yeux bleus, écarquillés d'hébétude, brillaient, purs comme des saphirs.
- Ma ! Pauvres petites !
La fermière les fit asseoir à un bout de la table et rajouta du bois de fagot sous sa pillig posée sur un trépied dans l'âtre. Pour tromper la gêne que lui causait le regard fixe des deux gamines, elle monologua tout en étalant une louchée de pâte sur la pillig chaude :
- Vous aimez les crêpes ? Oh ! sûr assez que vous aimez les crêpes... On va vous donner votre content...
Elle retourna la crêpe, cassa un œuf dessus, mélangea le blanc et le jaune, attendit que ça cuise, plia la crêpe sur une assiette qu'elle posa devant Jabel. Elle lut une sorte de reproche dans les yeux de Jabel et crut que l'autre petite allait pleurer. Alors, se ravisant, elle prit une autre assiette et partagea la crêpe en deux. Les fillettes ne firent qu'une bouchée de leur moitié de crêpe.
- Hopala ! Du temps vous avez pour manger ! Mal au ventre vous aurez si vous mangez trop vite !
Les gamines la fixaient de nouveau, de leurs beaux yeux bleus qui ne s'étonnaient plus de rien. La fermière fit une autre crêpe à l'œuf, rajouta deux bouts de lard - "Malgré que ce soit vendredi", marmonna-t-elle - et coupa la crêpe en deux sur la pillig, et les deux moitiés furent avalées aussi vite que si le lard avait été de la purée.
- Ma ! rit la fermière, même les cochons n'avalent par leur boued (5) si vite que vous. Combien il faudra que je vous en fasse ? Il ne me reste plus tellement de pâte... Faudra vous en réchauffer, peut-être ?...
Les beaux yeux bleus ne disaient pas que c'était assez. Les gamines étaient comme deux poupées qu'on aurait posées là, au bout de la table, les bras pliés et les mains jointes sur leurs cuisses.
- Vous avez perdu votre langue ? C'est quoi votre nom ?
- Jabel.
- Et ta petite sœur ?
- Maï-Yann.
- Votre mamm est malade ?
- Elle ne peut plus bouger de son lit.
- Ah ! malheur de Dieu !
Au bout de huit crêpes, la fermière estima que cela suffisait.
- Plus, ça risquerait de vous faire plus de mal que de bien. Je vais vous en donner pour la maison.
Elle plia une demi-douzaine de crêpes sèches et les noua dans un torchon.
- Laissez-les dedans, autrement elles se casseront en miettes et ne seront plus bonnes qu'à mélanger avec la soupe. Vous me rendrez mon torchon la prochaine fois.
Jabel hocha la tête et prit sa sœur par la main.
- Dis merci à la dame.
- Merci, bredouilla Maï-Yann en baissant la tête.
- C'est bien, vous êtes mignonnes. Allez, retournez à la maison maintenant. Votre maman doit vous attendre. Elle vous réchauffera les crêpes ce soir. Vous avez du beurre au moins ?
Jabel fit non de la tête. La fermière dénoua le torchon et rajouta un gros morceau de beurre emballé dans un bout de papier.
- Voilà, maintenant vous avez de quoi. Allez, partez, et ne traînez pas en route.
La fermière intima au chien de se taire et les regarda s'en aller, main dans la main, et tourner par la garenne qui menait à une autre garenne qui menait à une autre garenne, puis à la prairie et à la cabane au bord de la rivière. Le soir, la fermière dirait à son bonhomme, qu'elle vouvoyait ainsi que c'était l'usage en ce temps-là :
- Vous dire je dois que j'ai donné des crêpes aux bugale ar loch (6).
- Elles sont venues jusqu'ici ?
- Sales comme des bohémiennes et affamées comme des petits veaux.
- Leur mère n'ira plus bien loin, d'après le curé qui l'a visitée.
- C'est à craindre.
- Alors, les filles reviendront.
- Elles reviendront quand elles voudront. Quoi, vous n'êtes pas d'accord ?
- C'est vous la patronne.
- Sûr assez que c'est moi la patronne dans ma cuisine !
Toute seule, la petite Maï-Yann se serait perdue dans le lacis de garennes. Jabel retrouvait son chemin à l'allure d'un chêne, à la forme d'un houx, à un talus criblé de terriers, à un tas de terre jaune devant un trou de blaireau. Elle n'avait pas peur. Pourtant, par endroits les arbres qui poussaient de chaque côté de la crête des talus se refermaient sur elles comme des tunnels. Mais au bout on voyait la lumière, des passages où le bois avait été coupé, où ne subsistaient plus que des moignons d'arbres dont les bras n'avaient pas encore repoussé, laissant le soleil chauffer le fond de la garenne et les ronces.
Dans ces clairières, Jabel passait devant et donnait des coups de bâton sur les broussailles pour faire fuir les vipères. Puis elles entraient de nouveau dans l'ombre, marchaient sur la mousse, rassurées par la présence familière de ces plantes dont elles ne connaissaient le nom qu'en breton : l'ortie, la fougère, le narcisse sauvage, la violette, la reine-des-prés. Elles connaissaient le nom breton des arbres qui donnaient des fruits à tromper la faim : le noisetier, le châtaignier, le néflier, le poirier sauvage. Elles connaissaient le nom breton des oiseaux faciles à dénicher et qui donnaient des œufs à gober : le merle, la grive, le chardonneret, le pinson, la mésange à tête noire. Mais personne ne leur avait appris à évider une branche de sureau de sa sève et à y percer des trous pour en faire une flûte : elles ignoraient ce qui n'était pas utile.
Elles s'assirent un instant sur le rebord en pierre du lavoir, une sorte de hernie aménagée dans le lit du ruisseau qui descendait de Penity. Ce lavoir, elles le trouvaient déjà loin de la maison au temps où leur mamm avait encore la force de pousser la brouette, alors à présent qu'elle pouvait à peine ruser ses sabots (7) pour aller s'accroupir derrière la cabane, il n'était plus question d'y venir laver le linge. Des têtards étaient collés sur le sable ocre du fond. La queue d'une anguille dépassait d'un trou entre deux cailloux. Une salamandre cheminait, cahin-caha, sous le cresson. C'était leur univers familier, bien plus rassurant que le monde des gens.
Rien qu'à battre des pieds dans l'eau fraîche du ruisseau, elles se sentirent plus propres. Le temps de rêver un instant à une jolie robe bien repassée que... Ah ! mais, regardez donc ! Qu'est-ce que c'est ? Des fourmis qui courent sur le torchon posé par terre ?
- Malheur de Dieu ! Malheur de Dieu ! cria Jabel en imitant la fermière, et elles rirent toutes les deux.
Jabel dénoua le torchon pour chasser les fourmis. Maï-Yann avala sa salive.
- Manger tu as encore envie ? lui demanda Jabel.
La petite opina.
- Bon, rien qu'une à chacune...
Jabel étala le beurre avec ses doigts sur deux crêpes qu'elle roula en forme de cornet, puis sur deux autres, et la demi-douzaine y passa. Jabel se rinça les doigts dans l'eau du lavoir. La queue de l'anguille disparut dans le trou entre les cailloux.
Elles entrèrent dans la cabane sans faire de bruit, mais la mère avait les yeux ouverts. Elle tourna la tête.
- À manger vous avez eu quelque part ?
- Des crêpes, dit Jabel.
- Qu'est-ce qu'il y a dans votre torchon ?
- Du beurre.
- Mets-le de côté. Au moins on pourra frire les restant de bouillie d'avoine... Maintenant, allez ramasser du bois et allumez le feu sous la chid-houarn (8). Ma bouillotte est froide.
Le pli fut pris d'aller mendier. Les fillettes établirent une sorte de tournée, sept fermes pour les sept jours de la semaine, déterminés à partir du dimanche, jour où la cloche de Sainte-Cécile sonnait. Jabel mémorisa les fermes, dont elle ne connaissait pas les noms, d'après des signes pour elle distinctifs. Le vendredi, par exemple, c'était la ferme au grand chien noir et aux crêpes, où la patronne, quand elles revinrent pour la deuxième fois, leur fit cadeau d'un panier en osier. C'était le plus souvent des œufs que les gens y déposaient, quand ils ne disaient pas d'aller elles-mêmes en ramasser dans les nids au milieu des tas de paille et de foin. On leur donnait aussi du lard, de la bouillie de froment et d'avoine, parfois une carcasse de poulet et toujours, en plus, un bon morceau de pain.
Elles apprirent à mesurer leur faim, pour laisser sa part à leur mamm, bien qu'elle n'eût pas d'appétit. Elles apprirent aussi un tas de choses, de leur mère qui ne bougea guère de son lit pendant des deux années suivantes : à faire une bonne provision de bois mort à la belle saison ; à laver leurs hardes quand le temps était beau et chaud ; à économiser sur la nourriture pour les mauvais jours, quand tombait un déluge de pluie glacée et que les oiseaux crevaient de froid sur les pâtures. Ces jours-là, malgré les vieilles capes à capuchon qu'une fermière leur avait données, Mamm leur disait de ne pas mettre le nez dehors. Si elles avaient attrapé le mal des poumons, c'est-à-dire plus qu'un de ces rhumes qui vous obligent simplement à souffler la morve une narine après l'autre, c'eût été la catastrophe.
Une fois le docteur était venu, de lui-même, par charité, sur sa belle jument pommelée. Il avait posé un bout de métal froid sur la poitrine des filles et avait écouté leur respiration par deux tuyaux plantés dans ses oreilles. Il avait tapoté le ventre de Mamm et de sa sacoche en cuir avait tiré une boîte de poudre à mélanger dans de l'eau, assez pour trois mois. La poudre calma la douleur, Mamm n'eut plus besoin de sa bouillotte, mais elle ne retrouva pas ses forces pour autant.
Pendant deux années, Jabel et Maï-Yann grandirent en exerçant leur métier de mendiantes qui les occupait pour une bonne partie de la journée. Le reste du temps, selon les saisons, elles ramassaient du bois mort, glanaient de la paille sur les éteules pour en changer dessous leur matelas, cueillaient des mûres et des nèfles, remplissaient leur panier de châtaignes, de noisettes et de pommes à cidre tombées, coupaient du genêt et de la fougère à la faucille pour arranger le toit. À part le médecin qui repassa trois fois sur sa jument pommelée, et toujours de lui-même, apporter de la poudre, elles ne virent personne autour de la cabane.
Un matin du mois de mars, Mamm garda les yeux fermés, malgré qu'on la secouât. Jabel et Maï-Yann coururent jusqu'à la ferme au grand chien noir, frapper à la porte de leur destinée.
(1) Riche.
(2) Sou.
(3) Spatule.
(4) Galettière.
(5) Nourriture.
(6) Enfants de la cabane.
(7) Ruser ses sabots : traîner les pieds.
(8) Marmite en fer. "
Critiques :
" - Après une enfance misérable où, avec sa petite sœur Maï-Yann, elle a dû mendier dans les fermes autour de Briec, Jabel épousera François Goasdoué. Ils prennent la ferme de Roz-Kelenn, ont des jumeaux, Fanch et Jeannette et construisent leur bonheur à force de labeur. 1914-1918 : François revient gazé de la guerre et meurt. Travailleuse acharnée, Jabel parviendra à conserver Roz-Kelenn que Fanch reprendra. Digne fils de sa mère, il en fera une belle ferme. Mais à quel prix...
Vivre de s'acharner au travail, vivre de ne savoir pas prendre le temps de dire qu'on aime. Et mourir... Caractères puissants, sensibilités enfouies : Hervé Jaouen a fait de son Roz-Kelenn un huis clos shakespearien que, toutefois, ne déserte pas une lueur d'amour... "
Yannick Pelletier - Ouest-France - 07/11/2007
" - Il s'appelle Fanch Goasdoué, c'est le "patron" de la ferme de Roz-Kelenn, un village de Briec-de-l'Odet, et aussi le personnage central du nouveau roman du Quimpérois Hervé Jaouen. Au fil des pages, on apprend à connaître Fanch, un paysan qui incarne des valeurs profondes et authentiques : le goût de la terre, le travail bien fait, la bravoure... On se prend de passion pour cet homme qui nous rappelle ce qu'était l'agriculture d'autrefois. Le paysan est aussi père de trois filles, trois destins qui vont se séparer et se (re)croiser. Par d'habiles petites touches, l'auteur a su restituer la vie de cette famille bretonne dont on devient presque un membre au terme de ce premier tome. La saga familiale est en marche... "
Bretons - Novembre 2007
" - À force de travail, Fanch Goasdoué a fait de Roz-Kelenn la plus grosse ferme du pays de Briec. Ombrageux, il regrette amèrement de n'avoir que des filles pour descendance... Car lui-même est le fils de Jabel, une femme au surprenant destin. Dans les années 1900, elle allait nu-pieds, avec sa cadette, mendier de porte en porte dans la campagne bretonne. Adolescente, elle s'était rebellée contre sa condition de servante. Puis elle avait épousé le courageux François, gazé pendant la Grande Guerre, dont elle eut des jumeaux, Fanch et Jeanette... Une superbe chronique familiale. "
Catalogue Le Grand Livre du Mois - Novembre 2007
" - "Les Filles de Roz-Kelenn" est un ouvrage très agréable à lire. Rédigé dans un style direct, il permet au lecteur d'être au plus près de la vie d'une famille bretonne du XIXe siècle. Ce livre est un roman mais il fourmille de détails très réalistes sur les mœurs et la façon de vivre en Bretagne dans les campagnes. La lecture de l'histoire de cette famille bretonne permettra à tout généalogiste ayant des ancêtres paysans de cette époque d'imaginer leurs conditions de vie. À la lecture du livre, j'ai retrouvé de nombreux faits ou descriptions qui montrent que l'auteur connaît parfaitement la région. C'est un livre que je conseille et qui permettra aux lecteurs de passer quelques heures plaisantes de lecture. "
Jean-Yves Le Lan - Histoire-Généalogie - 12/11/2007
" - "Les Filles de Roz-Kelenn" se passe évidemment en Bretagne, de la fin du XIXe siècle à nos jours. Isabelle, paysanne exemplaire, est une figure légendaire dans le canton. Fanch est le père détesté de trois filles : Soizig, Nicole et Gwenaëlle. Qui est vraiment cet homme ? Peut-on lui pardonner ? La réponse est sous la plume d'Hervé Jaouen. "
L'Écho des Vosges - 09/11/2007
" - Trois générations d'une famille bretonne
C'est un sacré caractère Fanch Goasdoué qu'on enterre aujourd'hui ! De la même trempe que sa mère Jabel gozh. Celle-ci a bien mené sa vie.
Partie de rien, mendiant à la mort de sa mère, elle sait à force de travail, sortir de sa condition et devenir patronne. Aux côtés de son époux François, ils ont tôt fait d'économiser et de s'installer dans la métairie qu'ils convoitaient tous les deux. Roz-Kelenn. Mais ils ont à peine le temps de fabriquer des jumeaux, Fanch et Jeannette, que la guerre de 14 emporte le jeune mari.
Après l'enterrement de François, elle organisa la fenaison et la moisson et nombreux furent ceux qui lui donnèrent un coup de main avec dans l'idée de remplacer François sur le matelas de laine. Pouvaient toujours courir. La jeune veuve a d'autres idées en tête. Sous-louer Roz-Kelenn à deux journaliers et partir à Tours prendre la gérance d'un bateau-lavoir. Elle sait compter, montre autorité quand il faut, innove et réussit à amasser une belle cagnotte. Elle est prête à revenir à Roz-Kelenn en qualité de patronne.
Elle transmet à ses enfants le courage et l'amour du travail. Mais quand Fanch, marié et père de trois filles reprend la suite, il s'acharne à la besogne certes, mais oublie sa famille. Il néglige sa femme malade et ignore ses enfants.
Dur au travail, dur avec les autres, sans concession, il s'isole petit à petit sans admettre que la vie change et les habitudes avec. Les bouleversements de la société le laissent indifférent. Mais c'est trop d'égoïsme et Soizic, l'aînée, se révolte. Le père et la fille se haïssent.
Une écriture savoureuse pour une saga paysanne très colorée, avec des personnages joliment bien campés. "
L'Est-Éclair - 11/11/2007
" - Fanch Goasdoué, travailleur et autoritaire, règne sur la métairie familiale de Bretagne, délaissant sa femme et les trois filles. Face à la santé fragile de sa mère, une des filles se révolte. De la fin du XIXe siècle à nos jours, trois générations d'un clan breton. Un monde paysan fier et parfois violent, aux prises avec les bouleversements d'un siècle. "
Site C'toutnous - 26/11/2007
" - Un ouvrage passionnant dont l'histoire se déroule à deux pas de Quimper, du côté de Briec. Elle retrace la vie d'une famille de la fin du XIXe au début du XXIe siècle avec des personnages forts mais aussi familiers. Ils traversent l'Histoire avec leurs vies bousculées, entre misère et grandeur, pauvreté et richesse. Une vraie saga écrite de main de maître et que l'on dévore de la première page à la dernière. "
Ouest-France - 28/11/2007
" - Saga familiale en Cornouaille
Quand il commence le dernier roman d'Hervé Jaouen, le lecteur est dans l'impossibilité de programmer une autre occupation. Il est prisonnier de l'écriture efficace du romancier, de l'histoire des filles de Roz-Kelenn, cette saga de la famille Goasdoué. Une fiction ? Peut-être, peut-être pas, parce que tout le monde à un moment ou à un autre y retrouve ses racines.
On est en Cornouaille, à Briec plus précisément, avec cette histoire de famille qui débute à la fin du XIXe siècle pour venir s'échouer de nos jours, à un enterrement. L'auteur dépeint de simples gens, comme nos grands-parents ou arrière-grands-parents, avec une vie difficile, des combats de tous les jours pour garder sa dignité. Des caractères entiers qui s'affrontent. On assiste à la lutte que mènent les filles et leur père Fanch, le maître de Roz-Kelenn, un fermier prospère qui doit sa situation à l'héroïne de ce roman, sa mère, Jabel gozh. Mendiante à six ans, travailleuse infatigable, Jabel est un personnage attachant dans lequel chaque lecteur retrouvera sans doute une de ses ancêtres, enfant au destin misérable mais qui par une force étonnante réussit à franchir les obstacles et à parvenir à une vie aisée.
Et puis, il y a les faibles, ceux qui sont submergés par ces fortes personnalités. C'est le cas de la douce Adelice, la belle-fille, travailleuse aussi, mais à la constitution plus fragile. Elle ne résistera pas à cet univers fait pour les forts, et Fanch, son mari, ne la verra pas s'étioler tout doucement, disparaître... Quant à ses filles, elles ne lui pardonneront pas son aveuglement et son orgueil insensé. "
M.S. - Le Progrès - 23/11/2007
" - Avec cette chronique et critique sociale, ce tableau d'une Bretagne de la fin du XIXème siècle ancrée dans les traditions séculaires et qui mute profondément et inexorablement, ce nouveau roman noir d'Hervé Jaouen nous ramène à une partie de notre jeunesse. Avec les profondes transformations que nous avons connues (subies ?). De 1892 à nos jours, nous suivons le destin de trois générations avec pour chacune ses valeurs, ses aspirations, ses besoins d'indépendance, ses envies. Hervé Jaouen nous délivre un roman âpre, dur, réaliste, véritable reflet d'un passé pas si lointain. Avec en toile de fond l'emprise inéluctable, parfois impitoyable, du modernisme économique rejeté par certains, apprécié par d'autres. "
Paul Maugendre - bibliosurf.com - 05/12/2007
" - Une saga familiale qui s'étend sur quelque quatre-vingt-dix ans. Fanch Goasdoué est propriétaire d'une ferme dans le sud-Finistère. Tyrannique, égoïste, il fait peu à peu le vide autour de lui. Pourtant, à la fin, les bons sentiments des uns et des autres l'emporteront. Un roman régional solidement ancré dans la vie quotidienne. "
Le Télégramme
" - Soizig, Nicole et Gwenanëlle sont les filles de Fanch Goasdoué, maître de la ferme de Roz-Kelenn, au cœur du Finistère. Avec leur tante Jeannette, elles forment le dernier maillon héritière de leur aïeule, Jabel gozh. À la toute fin du 19e siècle, Jabel a vécu une enfance miséreuse, obligée de mendier avec sa sœur Mai-Yann. Elle connaît une douloureuse jeunesse, avant de se marier à un honnête homme, qui meurt des suites de la 1ère Guerre Mondiale. Femme au caractère volontaire, mère de deux enfants en bas âge, Jabel gozh réussit économiser pour acquérir une ferme. Avec courage, elle exploite Roz-Kelenn, qui va être ensuite développée par son fils Fanch.
Ce dernier est aussi volontaire que sa mère. Mais son comportement tyrannique pousse sa sœur Jeannette à partir en ville, pour épouser un fonctionnaire. Fanch accepte mal l'évolution des méthodes agricoles, ce "modernisme" du 20e siècle, la gestion rigoureuse et l'arrivée du marché européen. Après lui avoir donné trois filles, sont épouse meurt usée par les excès despotiques de Fanch. Quand ses filles grandissent, Fanch reste seul avec Jabel gozh à Roz-Kelenn. Elles ont connu une vie plus riche, plus entière, que leur père trop accroché à sa terre. Quand Jabel gozh s'éteint, les filles de Roz-Kelenn se retrouvent, en compagnie de leur tante. C'est l'occasion de nouvelles révélations sur leur famille...
Le personnage de Jabel gozh serait inspiré par la grand-mère d'Hervé Jaouen. Elle incarne toutes ces femmes qui firent preuve de force et ténacité pour accéder à une vie digne, devenant le pivot d'une fière famille. Ses descendantes ne sont pas moins énergiques. Cette histoire, c'est surtout une chronique du 20e siècle, à travers une population ordinaire dans un monde en mouvement. Le récit n'est pas exempt d'une part de noirceur, exprimant la dureté de l'existence. On connaît le réalisme lucide de l'auteur, ainsi que ses qualités de narrateur hors pair. "
Claude Le Nocher - 06/02/2008 - rayonpolar.com
" - Pour les amateurs de romans paysans, l'histoire d'une famille bretonne subissant déboires relationnels et modernisation.
Le style de l'auteur se prête très bien au milieu (Le lecteur saint-pierrais reconnaîtra au passage certains mots et expressions utilisés aussi chez nous).
Hervé Jaouen a, en 1986, signé le roman "L'adieu aux îles". Un des personnages y évoque ses souvenirs d'enfance à Saint-Pierre et Miquelon. "
biblispm.com - 14/02/2008
" - Hervé Jaouen aime les gens. Il le montre une nouvelle fois dans son dernier roman, "Les Filles de Roz-Kelenn", où il s'attelle, dans une langue toujours aussi savoureuse, à raconter la fierté, la noblesse et la violence qui régnait, au siècle dernier, dans le monde paysan cornouaillais confronté aux bouleversements. Il le fait à travers l'histoire d'une famille, dont la mère, Jabel gozh, sortie de la misère à force de courage et de travail, est parvenue à revenir au pays pour exploiter la métairie de Roz-Kelenn, près de Briec-de-l'Odet. Son fils Fanch, dur, entreprenant et autoritaire, va la transformer en modèle exemplaire. Mais à quel prix ! "
Ouest-France - 14/12/2007
" - Lui attend la vague d'octobre pour faire sa rentrée. Avec "Les Filles de Roz-Kelenn" aux Presses de la Cité, premier volet de la saga d'une famille bretonne au XXe siècle. Depuis la région quimpéroise où il est installé, Hervé Jaouen est serein. Il sait que son bouquin se vendra à plusieurs milliers d'exemplaires. Comme à chaque fois. Depuis vingt ans, cet ancien banquier vit de sa plume. Pas mécontent de rappeler que cinq de ses livres ont été adaptés à la télé. Un jour, un producteur, interloqué, l'apostropha : "Mais comment pouvez-vous vivre dans votre cambrousse ? Faut venir à Paris, aux terrasses, aux cocktails, rencontrer des gens !" Hervé Jaouense gausse encore. "Le plus déterminant, c'est de réaliser une œuvre de qualité. Qu'on vive ici ou là, peu importe. Sauf si on vise les prix." Après avoir hanté les allées du polar, il foule depuis dix ans les sentiers du ". "Sans honte". Il dit : "Je me fous qu'on me qualifie d'auteur régional ou pas." "
Marc Pennec - Ouest-France - 01/09/2007
" - On enterre Fanch Goasdoué, le maître de la ferme de Roz-Kelenn. Ce personnage revit à travers l'évocation de la figure exemplaire de ses parents et aussi de celle de ses enfants, qu'il n'a pas su aimer. Toute une lignée de Bretons, du XIXe siècle à aujourd'hui, à la tête dure mais au grand cœur ! "
TV Grandes Chaînes - 26/11/2007
" - Drame familial
Au siècle dernier, trois générations d'une famille bretonne.
Dans ce premier volume, Hervé Jaouen nous présente Fanch Goasdoué, un homme dur à la tâche, entreprenant et autoritaire, le fils de la vieille Isabelle, une paysanne exemplaire, véritable figure du canton. Fanch et sa mère, une maîtresse femme sortie de la misère à force de courage et de travail, s'acharnent à transformer la petite métairie de Roz-Kelenn en un domaine prospère. Mais cette réussite cache une vie familiale moins glorieuse. Il est le père de trois filles qu'il n'a jamais su aimer et qui le détestent pour avoir maltraité leur mère. Il a toujours feint de ne pas voir l'état de santé de plus en plus inquiétant de sa femme, la douce Adelice, qui s'épuise aux corvées. Jusqu'à ce que l'une de ses filles, Soizig, révoltée par son indifférence et aussi forte tête que sa grand-mère, décide de ne plus baisser les yeux devant le seigneur et maître de Roz-Kelenn. Entre eux, désormais, c'est la guerre... "
Bilto - 13/12/2007
" - À Briec-de-l'Odet, on enterre Fanch Goasdoué, "ar Mestr", le patron de la ferme de Roz-Kelenn. Il a traversé le XXe siècle en incarnant les plus belles valeurs de la paysannerie. Mais cet homme de qualité ne manquait pas de défauts. Qui était-il vraiment ?
Il avait d'abord de qui tenir. Fanch Goasdoué était le fils de Jabel Gozh, la vieille Isabelle, une paysanne exemplaire, véritable figure de légende du canton.
Il était le père de trois filles, Soizig, Nicole et Gwenaëlle, qu'il n'a pas su aimer. Ou bien peut-être les a-t-il aimées à sa façon, ou trop tard ? Toujours est-il qu'elles l'ont détesté, sinon haï, pour avoir maltraité leur mère. Mérite-t-il qu'on lui pardonne, maintenant qu'il n'est plus ? Il semble que non. Alors que la messe d'enterrement va commence, la famille attend en vain Soizig, l'aînée des filles. La vraie réponse à la question du pardon se trouve probablement dans sa vie à lui, fils de Jabel Gozh, et dans leur vie à elles, les filles de Roz-Kelenn.
"Les Filles de Roz-Kelenn" est le premier volume du tableau que l'auteur souhaite brosser des différentes branches d'une famille bretonne, du début à la fin du XXe siècle. "
L'Écho de la Presqu'île - 21/12/2007
" - Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, Hervé Jaouen a choisi cette fois de brosser le portrait d'une famille bretonne du début à la fin du XXe siècle. "Les Filles de Roz-Kelenn" est le premier tableau qu'il réserve à cette famille qui incarne les plus belles valeurs de la paysannerie. "
Atlantica - Décembre 2007/Janvier 2008
" - C'est le premier volume d'un tableau qu'Hervé Jaouen a entrepris de brosser des branches d'une famille bretonne, du début à la fin du XXe siècle. Cela commence avec les relations qu'entretient Fanch Goasdoué, un patron de ferme de Briec-de-l'Odet, avec ses trois filles, Soizig, Nicole et Gwenaëlle : un mélange d'amour et de haine qu'expliquaient peut-être les maltraitances infligées à leur mère par leur père... "
Armor Magazine - Janvier 2008
" - On doit à Hervé Jaouen, authentique Breton, "Les Filles de Roz-Kelenn". Au fond, c'est l'histoire d'une famille d'agriculteurs bretons, celle de Fanch Goasdoué, véritable seigneur au début du siècle dernier, travailleur acharné, mais dur, y compris avec sa femme et ses enfants.
Qui est ce Fanch ? Le fils de Jabel Gozh, miséreuse fillette devenue chef d'entreprise de lavage de linge, avant de régner sur le personnel de la métairie de son fils, qu'elle adore.
Les trois filles de Fanch ont des destins divers, mais la seule à tenir tête à son père est Soizig, l'aînée. C'est en vieillissant que peu à peu, amer, Fanch redeviendra plus humain, mais c'est trop tard. Cependant, la métairie ne mourra pas : le secret du roman est à attendre des dernières pages. "
L'Éclaireur - 05/02/2008
" - Cent ans de vie bretonne : un roman du terroir
La jeune Jabel et sa petite sœur Maï-Yann courent nu-pieds, les robes déchirées, dans les fougères de Cornouaille, en quête d'un peu de nourriture. Leur mère est mourante. Elles sont seules.
Que deviendra Maï-Yann ? Quant à Jabel, à force de volonté et de courage, elle parviendra à acheter la ferme de Roz-Kelenn. Son fils, Fanch Goasdoué, deviendra le maître de la métairie maternelle, aussi dur avec les saisonniers qu'avec son épouse Adelice : ce que ne lui pardonnera jamais Soizig, l'aînée de ses trois filles, digne héritière du sang de son aïeule.
Quatre générations, de 1892 à nos jours, se partagent cette saga au réalisme saisissant, tant dans la peinture des personnages que dans l'évocation des coutumes et des mentalités, au fil du siècle, dans la Bretagne profonde : une terre que l'auteur, manifestement, porte haut dans son cœur. "
La Manche Libre - 22/03/2008
" - Roman d'une Bretagne rurale
Un tableau finement brossé de la ruralité dans le pays de Quimper, à travers les bouleversements vécus par une famille de fermiers, du XIXe siècle à nos jours. Entre attachement aux traditions, attrait de la modernité et problèmes familiaux, la ferme de Roz-Kelenn se bat pour faire face au tumulte. "
Bretagne - Avril-Mai-Juin 2008
" - J'ai adoré ce roman, très vrai. Issue du milieu agricole, j'avais l'impression de revivre mon enfance. En lisant ce roman, j'entendais mes grands-parents et revivais l'enfance de mes parents, telle qu'ils me l'ont racontée. Encore bravo Hervé Jaouen, et merci pour ce formidable ouvrage. "
Eryage - 05/05/2008
" - Pour une première lecture de vacances, j'avais besoin d'un roman facile à lire. J'ai donc choisi au hasard dans les rayons de la bibliothèque un roman du terroir d'un auteur que je ne connaissais encore pas, Hervé Jaouen.
Les temps ont bien changé à Briec-sur-l'Odet près de Quimper depuis cette année 1898 où Jabel (Isabelle en breton), âgée de six ans, est obligée d'aller mendier de la nourriture dans les fermes voisines : son père est mort noyé et sa mère est à l'agonie "sur son matelas de balle d'avoine dans la cabane couverte de genêts et d'ajoncs qui leur servait de maison." Avec sa sœur cadette Maï-Yann, "elles allaient nu-pieds et la crasse leur montait jusqu'aux genoux comme des chaussettes longues. Leurs robes et leurs sarraus n'avaient plus de couleur et leurs cheveux longs pendaient gris et raides de poussière, encadrant leurs joues et leur bouche croûtées de lait séché. Dans toute cette saleté, seuls leurs yeux bleus, écarquillés d'hébétude, brillaient, purs comme des saphirs."
Cette enfance difficile et malheureuse en aurait découragé plus d'une. Jabel gohz, comme tout le monde a coutume de la surnommer, est une femme intelligente, courageuse et entreprenante. Avec son époux François Goasdoué, ils se mettent au travail dès le lendemain des noces afin de remettre en état la métairie de Roz-Kelenn qu'ils viennent de louer.
1914, François est mobilisé. A la mi-novembre, Jabel met au monde des jumeaux, François, dit Fanch, et Jeannette. Mais, le bonheur est de courte durée : en avril 1919, François est gazé sur le front. Jabel, qui a toujours en tête de devenir propriétaire de Roz-Kelenn et d'en faire une ferme prospère, s'exile une dizaine d'années en Touraine pour se constituer un petit pécule et revenir au pays.
Après son service militaire, Fanch s'acharne à transformer la petite métairie en un domaine prospère. Mais sa réussite professionnelle cache une vie familiale moins glorieuse : père de trois filles qu'il ne sait pas aimer, sa fille aînée Soizig, qui a le caractère de sa grand-mère, se révolte et lui tient tête. Elle ne lui pardonne pas, entre autres, d'avoir feint l'état de santé de plus en plus inquiétant de sa femme Adelice et se jure de ne pas remettre les pieds à Roz-Kelenn tant qu'il sera vivant.
Le roman, qui commence par l'enterrement de Fanch en août 2002, retrace la vie d'une famille bretonne depuis la fin du XIXème siècle. ainsi que les bouleversements de la société causés par l'évolution des technologies (l'apparition de l'électricité, du téléphone, des automobiles, etc.) et les événements marquants du XXème siècle.
La vieille Jeannette qui dirige les obsèques de son frère jumeau ne peut que constater la disparition des traditions. "En ce jour d'enterrement, elle déplorait l'abandon des usages. Naguère, tout le canton se serait déplacé pour venir aux obsèques du maître de Roz-Kelenn. Là, aujourd'hui, en dehors de la famille, il n'y avait presque personne sur le placître pour attendre le transport du cercueil dans l'église. (...) Jeannette déplorait également le manque de respect pour les morts. Evidemment, face aux jeunes, elle n'avait plus son mot à dire. Ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants avaient sur le dos leurs habits de tous les jours..."
Hervé Jaouen nous livre avec ce roman une belle fresque de la société en balayant plus d'un siècle d'histoire de France, mais il manque ce petit "quelque chose" pour en faire un grand roman du terroir comme savent le faire Françoise Bourdon, Yves Viollier, Christian Signol... "
Mireille - passiondelire.over-blog.org - 31/08/2008
" - Jabel Gozh a réussi à force de volonté et de courage. Pourtant dans sa jeunesse elle a connu plus souvent qu’à son tour les privations. Des âmes charitables lui ont procuré, ainsi qu’à sa jeune sœur, la pitance nécessaire à leur survie. Puis elle a connu le labeur de la ferme, l’enseignement auprès des "bonnes" sœurs, s’est délivrée du joug d’une famille hospitalière mais pas souvent reconnaissante des efforts fournis et du travail effectué, s’est mariée avec un jeune homme du village, sérieux et travailleur, qui décèdera au bout de quelques années, des suites du gaz inhalé sur le front lors de la Première guerre mondiale, la laissant avec deux enfants en bas âge. Quittant sa Cornouaille natale elle s’exile en Touraine pour revenir quelques années plus tard avec en poche un petit magot qui lui permet d’acheter une ferme. Fanch, son fils, sera, lui aussi, dur au travail et se comportera en despote envers ses ouvriers, ne supportant aucun manquement. Jeannette la fille épousera un gars de la ville, un fonctionnaire, ne supportant plus les remontrances d’un frère qui refuse de voir la réalité en face et le modernisme gagner les régions rurales françaises. Fanch se marie avec Adeline, une jeune femme simple, douce, effacée, et ont ensemble trois filles qui ne demandent, l’âge venant qu’à se débarrasser du carcan familial. Fanch est aveugle et ne se rend pas compte qu’il se conduit en despote, qu’il détruit la cellule familiale par son obstination, son entêtement. Le temps a passé et la famille, la jeunesse, les ouvriers, ne veulent plus être considérés comme des esclaves mais bien comme des personnes humaines à part entière.
Avec cette chronique et critique sociale, ce tableau d’une Bretagne de la fin du XIXème siècle ancrée dans les traditions séculaires et qui mute profondément et inexorablement, ce nouveau roman noir rural d’Hervé Jaouen nous ramène à une partie de notre jeunesse. Avec les profondes transformations que nous avons connues, (subies ?). De 1892 à nos jours, nous suivons le destin de trois générations avec pour chacune ses valeurs, ses aspirations, ses besoins d’indépendance, ses envies. Hervé Jaouen nous délivre un roman âpre, dur, réaliste, véritable reflet d’un passé pas si lointain. Avec en toile de fond l’emprise inéluctable, parfois impitoyable, du modernisme économique rejeté par certains, apprécié par d’autres. "
Paul Maugendre - mysterejazz.over-blog.com - 02/05/2010
" - Histoire d'une famille bretonne, les Roz-Kelenn, tout au long du XXème siècle. Lorsque Fanch Goasdoué, le maître de la ferme décède, ses trois filles mal aimées qui l'ont toujours détesté sont confrontées à la question du pardon.
Chronique et critique sociale, c’est le tableau d’une Bretagne de la fin du XIXème siècle ancrée dans les traditions séculaires et qui mute profondément et inexorablement. Hervé Jaouen nous délivre un roman âpre, dur, réaliste. Avec une écriture agréable, l’auteur rend bien compte de l’atmosphère pesante. Hervé Jaouen est bien un narrateur hors pair. "
bibliotheque.saintgermainenlaye.fr
" - Les amoureux de la Bretagne auront un grand plaisir à entrer dans cette famille. Ecrit dans un style simple, ce roman ne se lit pas : il se boit ! "
Anonyme – 07/09/2008
" - Superbe histoire, j'ai adoré. Ne pas hésiter à le lire. Difficile de le refermer en cours de lecture. On veut connaitre la fin. Merci monsieur Jaouen. "
Anonyme – 28/08/2010
" - Un auteur très agréable à lire. J'ai beaucoup apprécié l'élégance du style. L'histoire de cette famille bretonne au fil des ans est très prenante. Une fois la lecture commencée on a du mal à lâcher le livre. "
Margot – 01/12/2011
" - Née en Bretagne en 1892, Isabelle en a vécu des moments exceptionnels dont celui, entre autres, d’avoir été tôt orpheline de père et de mère, d’avoir mendié en compagnie de sa sœur afin de ne pas mourir de faim, d’avoir été honteusement exploitée dans une ferme, d’avoir trouvé le bonheur dans un mariage heureux avec François…
À la force du poignet, le couple géra une ferme avant que le jeune homme ne soit envoyé à la guerre.
Isabelle accoucha de jumeaux, un garçon et une fille, prénommés François et Jeannette, mais leur père ne survécut pas aux gaz mortels lancés par les Allemands.
La douleur d’Isabelle fut trop vive : "S’être sortie de la misère pour connaître une misère pire encore, c’était injuste et insupportable", précise Hervé Jaouen dans son remarquable roman.
Alors, Isabelle quitta la Bretagne avec ses enfants et prit la gérance d’un bateau-lavoir en Touraine. Elle devint même patronne d’une dizaine de lavandières qui lavaient, repassaient et pliaient le linge des nantis.
L’argent rentra à flots !
Une dizaine d’années plus tard, elle revint en Bretagne et récupéra la ferme où elle avait connu le bonheur avec son mari et elle acheta aussi des terrers.
Son fils la seconda dans son entreprise, mais il n’était guère apprécié des travailleurs tant il était dur, voire violent.
Comment allait-il se comporter avec les maquisards qui harcelaient les Allemands en 1944 ? Son mariage avec la gentille Adelice serait-il heureux, elle qui lui donnera trois filles alors qu’il espérait des garçons ? Pourrait-il supporter le caractère bien trempé de sa sœur ? Resterait-il lié à sa mère ? Entendrait-l ses commis le traiter de "saleté de patron" et "d’emmerdeur" ? Accepterait-il la révolte de sa fille aînée, qui l’appelait le "vieux con" et "ordure" ?
Tout ce monde finira-t-il par se réconcilier alors que "les jours paressent et les années galopent" ?
L’ouvrage d’Hervé Jaouen est un roman de terroir poignant où la puissance des caractères n’efface pas celle de certains sentiments… "
Pierre Guelff – 22/09/2012
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