Type : roman
Publication : 1987 - 1995 - 2003
Auteur : Hervé Jaouen
Editeur : Les Editions de la Chapelle
Résumé :
- Editon 1987
Un jour d'été débarque dans le Sud profond Antoine Laroche, jeune diplômé de marketing et amateur de jazz. Mais ce que le Français n'a pas prévu, c'est que le simple désir d'entendre sa musique préférée ne plaît ni aux Blancs... ni aux Noirs
- Edition 2003
Antoine, jeune homme bien sous tous rapports, s'en va aux Etats-Unis pour réaliser un vieux rêve : écouter le jazz à sa source. Il débarque dans le Sud profond. Sa route croise celle des Blancs qui n'aiment guère les routards. Le rêve bascule dans le cauchemar.
"... un roman très fort, terrifiant, un livre de désespoir superbement écrit par un auteur qui ne se fait manifestement pas beaucoup d'illusions sur les ressorts profonds qui animent les hommes. "
Paris-Normandie
" Un réquisitoire contre tous les crétins qui peuplent la terre et, derrière la vulgarité des mots, une remarquable analyse de tout ce qui compte comme marginaux dans le sud des Etats-Unis. "
Le Journal du Dimanche
" Hervé Jaouen affirme de livre en livre sa maîtrise et sa force d'écriture. "
CFDT Magazine
" Il y a du Caldwell dans la manière de typer les personnages et une vigueur constante pour traquer l'obscénité raciste. "
Presse Océan
Extrait :
" Anton a écrit les premières lignes de son livre.
Il pourrait commencer par :
Vint le moment où tout reposa sur la lenteur, les paroles, les sourires et les formes. Une bulle de savon engloba les gestes et les sentiments. Chacun s'installa à sa table et se prit à rêver devant un verre d'ennui pétillant.
Il y eut un autre moment où tout fut de cristal. L'on pesa le pour et le contre sur une balance rose verbale qui était infidèle. Il faisait une lenteur tiède qui pétrifiait les mots dans leur coquille de plomb. Les miroirs furent de bois.
Il y eut encore un autre moment où les livres parlèrent et où on ne les écouta pas. Tout s'immobilisa et les statues descendirent de leur socle avec d'infinies précautions. Une lumière bleue s'éteignit et une autre s'alluma, violette. On ne vit pas la différence mais les statues prirent froid. Les actes ôtèrent leurs masques et les sentiments furent nus.
Il y eut un chant d'oiseau qui fit pleurer une jeune fille noire. "
Critiques :
" - Un fait divers, se déroulant dans l'Etat d'Alabama, mais, concernant un jeune étudiant breton qu'il connaît, va inciter Hervé Jaouen à imaginer un roman noir "américain". Pour le récompenser de sa réussite dans ses études, les parents du jeune homme lui ont offert un voyage de plusieurs mois aux États-Unis, où il est parti sac au dos. Trois mois plus tard, la police américaine leur apprend que le cadavre de leur fils, atteint de plusieurs balles à la tête, a été retrouvé, enterré dans le sable, en bordure d'une route.
Selon les policiers, le jeune breton, avec ses cheveux longs, a été victime de son look de routard. Des hommes plus ou moins affiliés au Ku Klux Klan, ayant pour habitude de "chasser" le hippie le samedi soir. Ce look "pas comme les autres" aura été fatal au jeune "globe-trotter" français. Secoué à l'annonce de cette mort violente qui le touche de près, Hervé Jaouen pense à en faire le sujet d'un prochain roman. "J'ai ressenti un grand choc émotionnel et je me suis dit que j'en ferai un livre. Mais, il me manquait le décor. L'imaginer ou aller sur place ? J'attendais." Quelques années plus tard, l'écrivain est amené à travailler sur un projet de film, avec un chef opérateur revenant des États-Unis, où il vient de tourner un film de Bertrand Tavernier. "Quand je lui ai raconté l'histoire de ce jeune étudiant français assassiné, il m'a dit avoir assisté à la préparation probable de crimes semblables. Il m'a décrit le décor qu'il avait vu : les types allumés qui partaient, le samedi soir, traquer le Noir ou le marginal, les pick-up dont les râteliers étaient remplis de flingues et les coups de feu dans la campagne que les flics faisaient semblant de ne pas entendre..."
L'écrivain français tenait son décor. Il s'est donc mis à écrire l'histoire d'Antoine Laroque, jeune diplômé de marketing et amateur de jazz, qui descend dans le sud profond, pays du jazz, pour aller à la source d'une musique qu'il aime tant depuis son enfance. Mais, le jeune français se heurte au racisme, toujours ancré dans cette région : "White" et "Blacks" ne comprennent pas sa passion pour cette musique de "nègres". Encore moins, qu'un "blanc" tombe amoureux d'une jeune Noire... "J'ai mêlé des obsessions et des thèmes récurrents dans mes romans : la solitude, l'idéalisme, l'amour impossible, la lâcheté, l'injustice, le racisme, le fascisme, etc... Il s'agissait aussi pour moi de rendre hommage à cette littérature américaine qui m'a amené à l'écriture." Les Chiens du Sud sont le seul livre d'Hervé Jaouen dont l'action se situe en Amérique. Mais, l'écrivain quimpérois a aujourd'hui l'intention d'écrire un autre roman, dont l'action se déroulera, en partie, aux États-Unis. Mais, cette fois-ci au début du XXème siècle. "Une chose est sûre", conclut l'écrivain. "L'histoire ne s'inspirera pas des événements politiques qui se déroulent actuellement aux États-Unis, car je les trouve affligeants." "
" - Reconnu, dès ses débuts, comme le maître du roman noir français, Hervé Jaouen n'a pourtant écrit qu'une seule fois sur les Etats-Unis. Mais, ce fut pour dénoncer le racisme anti-noirs et les assassinats commis par des extrémistes du Ku Klux Klan. Aussi, Les Chiens du Sud, sorti en 1987 - et inspiré d'un fait divers réel - reste-t-il un roman très actuel. Il dénonçait - bien avant Michael Moore - les dangers d'une législation trop permissive en matière de port d'armes. "
" - Viol, meurtre et racisme dans le Sud profond, au pays du jazz et du K.K.K. "
" - Antoine se fait offrir un voyage aux Etats-Unis, dans le Sud profond, avant d'entrer dans la vie active. Il veut écouter le jazz, une musique qu'il aime depuis son enfance, à la source. Mais il se heurte au racisme ancré dans cette région : ni les Blancs ni les Noirs n'apprécient sa démarche, et encore moins qu'il tombe amoureux d'une jeune Noire... Un roman inspiré d'un fait réel. "
" - Un jour d'été débarque dans le Sud profond Antoine Laroche, jeune diplômé de marketing et amateur de jazz. Mais ce que le Français n'a pas prévu, c'est que le simple désir d'entendre sa musique préférée ne plaît ni aux Blancs ni aux Noirs. "
" - Un jeune français part pour les Etats-Unis pour écouter le jazz à sa source. Sur sa route il croise celle des Blancs qui n'aiment pas les routards...
Regard sur un coin pommé et misérable de l'Amérique rurale et profonde, où la haine raciste donne lieu à des rodéos assassins, et où plus loin dans la campagne un vieux meurt dans sa crasse.
Un regard très noir des personnages typiques. "
" - Les Chiens du Sud, qui se passe dans le Sud profond des petits Blancs chers à Caldwell ou Faulkner. On a connu l'auteur mieux inspiré. Il se ressourcera dans les brumes irlandaises ou près des cromlechs bretons, et rien n'y paraîtra plus... "
Jean-Pierre Deloux - Le Polar régionaliste français (Polar n° 8 - décembre 1992)
" - Dans ce pays, tout pue : les Blancs vivant dans la misère noire, les Noirs, les tordus qui chassent les négros, les négros qui les découpent en dentelle. Au milieu de cette faune accrochée à ses hallucinations et à la moiteur touffue du sexe, un touriste, Antoine Laroche, un jeune cadre dynamique qui se prend pour un clochard céleste, veut vibrer au son des trompettes de jazz. Il entendra celles de la mort. Jaouen dérape brillamment dans cette mélasse sociologique. Un réquisitoire contre tous les crétins qui peuplent la terre et, derrière la vulgarité des mots, une remarquable analyse de tout ce qui se compte comme marginaux dans le sud des Etats-Unis. "
Suisse - 11-15/07/1987
" - Le héros d'"Histoire d'ombres" était tombé dans le sombre traquenard imaginé par une femme sulfureuse, qui avait fait de lui un meurtrier. Étudiant français de passage dans le sud des Etats-Unis, celui des "Chiens du Sud" sera lui aussi victime d'un piège. Le piège de toute une région où l'on n'a jamais véritablement rangé le drapeau des Confédérés et où, comme dernièrement, le "Klan" n'hésite pas à organiser des rassemblements. Et victime de la folie de quelques Blancs, qui ont toute la ville pour complice et même, par lâcheté, le chef du bureau de police. Un chien puant, un chien galeux le retrouvera mort, à demi enterré, non loin de la colline où l'on a dressé une croix de feu la nuit précédente. Tout ceci nous offre un roman très fort, terrifiant, un livre de désespoir superbement écrit par un auteur qui ne se fait manifestement pas beaucoup d'illusions sur les ressorts profonds qui animent les hommes. "
Franck Boitelle - Paris-Normandie - 26/06/1987
" - "Les Chiens du Sud" paraît dans "Sueurs froides", une collection qui est tout un programme. Et de fait, la mort, dans toute son atrocité, est au centre du roman.
Mais l'effroi provient davantage encore de la descente aux enfers que constitue de Sud américain profond qui perpétue en 1987 les traditions de Dos Passos ou de Faulkner.
Hervé Jaouen trace une galerie de portraits terribles : petits blancs faméliques, adeptes de sectes dignes du Ku Klux Klan, shérifs lâches, populations inertes. Les victimes ici sont doubles, une noire bien sûr mais aussi l'étranger par excellence, un jeune Français naïf qui croyait que l'on pouvait écouter et aimer la musique des noirs, parler aux noirs, traverser impunément les ghettos.
Hervé Jaouen affirme de livre en livre sa maîtrise et sa force d'écriture.
On traverse rapidement, seulement parcouru de "Sueurs froides", les contrées tragiques et cependant bien trop vraisemblables où il lui plaît de nous entraîner. "
CFDT-Magazine - N° 119 - Septembre 1987
" - Pour faire connaissance avec "Les Chiens du Sud", il faut se rendre dans le "Deep south", cher à la littérature américaine.
À Tuscaloosa Fields, la vie est particulièrement étriquée pour Vieux Josh et Chien Jaune, mais eux, au moins, c'est brave bête et brave homme. Alors qu'en ville...
D'un côté, les Noirs qui font du jazz dans une baraque pourrie, et de l'autre les Blancs qui ne rêvent que de viol et de meurtre, d'où l'escalade vers l'horreur...
À la clé, le meurtre d'un jeune Français diplômé de marketing (qui a décidé de partir en vacances en se confrontant au monde du travail), puis l'incendie du bastringue.
Il y a du Caldwell dans la manière de typer les personnages et une vigueur constante pour traquer l'obscénité raciste. "
Presse-Océan - 23/07/1987
" - Hervé Jaouen délaisse ses terres de prédilection : la Bretagne et l'Irlande pour nous emmener dans LE SUD des Etats-Unis et plus précisément dans une petite ville avec ses notables blancs, son ghetto noir et un vieux avec son chien habitant aux portes du désert.
L'histoire débute "dans la nuit du Jeudi au Vendredi" lorsque le chien trouve le corps d'un homme à peine enterré.
Tout au long du roman, Jaouen alterne les chapitres "Action" (le vendredi : la journée suivant la découverte du corps) avec les chapitres "Flash Back" (le jeudi : ce qui a conduit à ce meurtre).
Peu de surprises dans ce livre, où je n'ai pas retrouvé l'humour de Jaouen ni la passion et l'idéal qui animent d'habitude ses personnages (passion amoureuse et du jeu comme dans "Connemara Queen"), attachement des personnages à leur terre comme dans "Pleure pas sur ton biniou"), mais un livre qui reste toutefois intéressant de par sa structure. "
Anonyme - 14/01/2004
" - Muselières obligatoires.
Roman de 1987, Jaouen nous emmène au Sud, non pas de la Bretagne, mais des Etats-Unis, dans l'Alabama plus précisément. Mais ce n'est pas pour un circuit touristique, ni pour une promenade de santé, mais plutôt un voyage au bout de l'enfer et de l'absurde.
Antoine visite le sud des Etats-Unis à la recherche de la source de la musique noire. Mais en musique comme dans cette partie des Etats-Unis, les blancs et noirs ne semblent pas connaître le proverbe "La musique adoucit les mœurs". Quand il descend du bus de la Greyhound, dans cette ville de l'Alabama, ce jeudi après-midi, le jeune français veut écouter de la musique et rien d'autre.
Mais autour de lui personne ne partage ce point de vue. Pour les noirs, il n'est que
- "Tu n'es pas français, tu n'es pas américain, tu es blanc... Tu es le néant blanc".
Pour les blancs, surpris dans les bras d'une noire, il n'est que "celui qui fricote avec les noires".
Et quand Chien Jaune découvre des ossement humains, le vieux Josh ne se doute pas que sa tranquillité et sa vie arrivent à leur terme. Pourquoi ces ossements à cet endroit ? Par quel cheminement ?
Antoine Laroche, poète et naïf, pensant que le fait d'être français lui assurera une certaine neutralité, il n'est là que pour la musique, il va vite déchanter, rejeté par les noirs, menacé de mort des deux cotés, mais tué par des blancs. Vieux Josh, pauvre blanc du sud, personnage à la "Erskine Cadwell" vit avec son chien dans une misère noire. Crasse et désolation sont son ordinaire. Quand il découvre un cadavre, il se sert d'abord, prenant l'argent et les vêtements, mais son retour à la civilisation lui sera fatal.
Charlie Fox, James Stone, Ryan, Mason, eux, chassent ; peu leur importe le gibier. Pour la plupart anciens du Vietnam, ils continuent leur croisade, ici ou ailleurs ! Marqués par la guerre, ivres de drogue et d'alcool, ils savent que, même en cas de dérapages, le pouvoir blanc ne bougera pas. Whiteman, le shérif, qui représente l'autorité semble être la copie conforme de Nike Corey, le représentant de l'ordre dans "1 275 âmes" de Jim Thompson : ne rien voir, se boucher les oreilles et se taire, boire un bon coup et forniquer quand cela se présente.
Le salut encore une fois viendra des femmes lassées d'être considérées comme des moins que rien. Elles se vengeront à leur manière et quitteront le Sud et leurs maris respectifs. Mais tout le monde ne sortira pas indemne de cette partie de "chasse".
Une forme originale, "Action", les aboutissants de l'histoire, "Flash-back", les tenants de cette même histoire, les chapitres s'alternant au cours de la narration.
Un roman assez terrifiant sur la bêtise humaine et le racisme, "dopé" par l'alcool et la coke.
Évidement, le Sud n'est pas forcément celui que l'on croit, mais je le trouve assez réaliste pour rejoindre des romans comme "Le baiser de Caïn" de l'irlandais John Connolly, qui donne raison aux gens pensant que ceux qui parlent le mieux des États-Unis, sont ceux venant d'ailleurs. Ce roman peut déconcerter, car il renvoie dos à dos tous les extrémistes de tous poils, blancs et noirs, et une fois encore très violent, mais comment l'éviter dans un pays où les armes semblent pousser dans les champs, et où le niveau culturel, lui, s'arrête en dessous de la ceinture.
Extraits :
- Il se sentait très Kerouac, très clochard céleste.
- Le talc à la citronnelle faisait grisonner son triangle.
- Whitman a pensé qu'il fallait plonger le Sud entier dans la glace.
- Un Blanc décrépi et pourri vaut mieux qu'un Noir intelligent et bien foutu. C'est un postulat du Sud.
- Sa vie foutue. Sa jeunesse brûlée par le mauvais bout, côté filtre.
- J'en ai marre du Sud et de tous ses bonshommes...
- Il avait hâte de quitter ce bon Dieu de putain de Sud.
Un clin d'œil à mon chanteur favori Neil Young.
-What are you doing Alabama ?
You got the rest of the union to help you along
What's going wrong ? "
eireann561.canalblog.com - 03/04/2007
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