Résumé :
Finistère, 1935. A treize ans, Yvonne Trédudon est placée comme bonne à tout faire auprès du docteur Cogan qui a quitté Paris avec femme et enfants pour vivre à Plouvern, bourg des monts d'Arrée. La petite campagnarde découvre, émerveillée, une maison de maître, un couple cultivé qui l'initie à la lecture, des fillettes charmantes. Le docteur Cogan, lui, gagne peu à peu le respect des villageois grâce à son expérience et à son dévouement.
Mais qui sont vraiment les Cogan ? Pourquoi cette haine que certains leur manifestent au début de l'Occupation ? Quel rôle joue alors cet homme qui ressurgira du passé à la faveur d'une cérémonie communale trente ans plus tard ?
Presque centenaire, celle qui partagea l'intimité de la famille se souvient. Avec ses mots simples et justes, Yvonne raconte...
La force d'âme, la fidélité sans faille d'Yvonne Trédudon, son bon sens et son esprit critique spontané dénoncent à eux seuls la terrible absurdité du sort des Cogan.
Extrait :
" De nouveau, on oubliait la guerre, nous les jeunes on se promenait le soir dans les alentours. On allait se baigner dans la retenue d'eau de Saint-Herbot. Je ne sais pas où elles avaient appris, mais Mathilde et Sophie nageaient comme des poissons. Joseph, Anne-Marie et moi, on barbotait. Le petit Youenn patouillait, assis sur les graviers, de l'eau jusqu'à la taille. Joseph n'avait d'yeux que pour sa chérie, et pouvoir contempler Mathilde en petite tenue compensait sûrement la vexation d'être incapable de la suivre dans l'eau. Entre ses deux-là, l'heure venue il n'y aurait pas besoin de bazhvalan, c'était le grand amour.
On est arrivé comme ça à la fin du mois de juillet. Le blé noir était en fleur sur les pentes, autrefois des landes que les parents avaient eu du dur à défricher, et maintenant ils touchaient la récompense de ces grands tapis blancs, ah qu'est-ce que c'était joli. La floraison ne dure pas longtemps, le blanc devient crème, et puis tout ça prend une couleur de fougère sèche, jusqu'à ce que les tiges rougissent. Trois fois par jour Tad s'agenouillait dans les champs de froment pour examiner les épis et relevait la tête pour lire la météo dans le ciel. La moisson n'était pas loin.
Un après-midi que je tirais de l'eau du puits, un drôle de touriste à vélo a pointé le bout de son nez. Le bout de son nez, c'est bien le cas de le dire, parce ce qu'il l'avait pointu, comme un renard, et j'aurais dû me méfier plus que je ne l'ai fait. "
Critiques :
" - Une fois de plus, Hervé Jaouen séduit son lecteur, l'entraîne au coeur d'une société, d'une histoire. Le Bon Docteur Cogan est un roman tout simplement passionnant. "
Eliane Faucon-Dumont - Le Télégramme - 22/10/2019
Intégralité de l'article sur : letelegramme.fr/finistere/quimper/livre-l-histoire-tragique-du-docteur-cogan-22-10-2019-12415896.php
" - Extrait de la lettre d'un lecteur.
Je viens de terminer la lecture de votre oeuvre, Le Bon Docteur Cogan, et j'ai refermé ce livre avec les larmes aux yeux. Outre que cette oeuvre est magnifique de sensibilité, elle a éveillé en moi, au-delà de la colère et de l'indignation provoquées par la cruauté et la bêtise sans fond de certains hommes et des systèmes qu'ils ont créés (et qu'ils continuent de créer), une nostalgie de mon enfance dans les monts d'Arrée.
En "écoutant" le récit d'Yvonne Trédudon, j'entendais ma mère qui me parlait souvent du docteur Perper, de sa famille et de leur destin tragique. Elle les a connus quand il exerçait la médecine à Brasparts. Elle évoquait souvent la gentillesse du docteur, la douceur de son épouse et la beauté de ses filles. Elle pestait contre les salauds (ce sont ses termes, que je partage) qui les avaient dénoncés.
Au fil des pages, il me semblait entendre les récits des Anciens qui évoquaient cette tragédie lors des veillées hivernales, assis dans l'âtre de la grande cheminée de la ferme de mes parents. A croire que vous étiez présent ! "
M.K.
" - De la vraie bonne littérature populaire, avec cet excellent raconteur d'histoires qu'est le Breton Hervé Jaouen.
Il faudrait offrir la possibilité à toutes les personnes âgées d'écrire leurs souvenirs. Au coeur de la Bretagne, Yvonne glisse tranquillement vers son centième anniversaire. Marie-Françoise, une habitante du bourg, a pris l'habitude d'aller lui rendre visite.
Entre les deux, une vraie complicité s'installe. Yvonne décide de lui raconter sa longue vie, surtout la période de la guerre. Marie-Françoise n'en perd pas une miette. Elle note tout.
Adolescente, Yvonne est embauchée par le docteur Cogan pour s'occuper des enfants. Tout juste sortie de sa ferme, elle est intimidée. Mais très vite, elle comprend qu'elle travaille chez des gens en or. Mais ignore que la famille, originaire de Roumanie, a déjà fui la peste brune.
Tout est vif chez Yvonne. Elle saura se souvenir, à sa façon, des lâchetés de cette époque. Hervé Jaouen raconte une histoire émouvante. Et dresse un portrait d'Yvonne plein de tendresse. "
Didier Gourin - Ouest-France - 8/11/2019
" - L'auteur glisse dans ce roman de nombreuses expressions en breton par souci d'authenticité. Elles ne gênent en rien un texte limpide et prenant. "
Le Télégramme - 20/11/2019
" - La Bretagne et l'Irlande inspirent Hervé Jaouen. L'écrivain, qui vit à Ergué-Gabéric, nous dévoile ses deux oeuvres automnales... "
Isabelle Rahavi - Ouest-France - 9/10/2019
La suite de l'interview sur : ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/quimper-la-bretagne-et-l-irlande-inspirent-herve-jaouen-6556548
" - Salut Hervé. Je viens de lire Le Bon Docteur Cogan. Bravo. Je me suis régalé. J'apprécie beaucoup tes parenthèses bretonnes et la façon de parler de Mamm en inversant le complément et le verbe, ce qui se faisait naturellement dans ma famille de Scrignac quand j'étais mouflet. J'aime aussi la façon de parler, et la faconde, de l'héroïne narratrice. "
RC
" - Le romancier maîtrise l'art de dresser des portraits authentiques, de mettre en valeur les gestes quotidiens, de donner vie et intérêt à des situations somme toute banales tout en construisant une histoire qui maintient une tension jusqu'à une conclusion inattendue. Avec un style alerte, vif, usant d'un vocabulaire simple et juste, Hervé Jaouen donne un ton familier à son récit, recrée une ambiance de quiétude jusqu'au moment où tout bascule. Il évoque alors la période de l'Occupation, la vie sous l'administration allemande mais surtout sous le joug de leurs valets, ces miliciens qui voulaient faire du zèle. Il stigmatise aussi ces individus qui ont su se "blanchir", se faire une réputation usurpée de résistants. Car, comme l'écrivait si bien le regretté Pierre Dac :"Les résistants de 1945 sont parmi les plus glorieux et les plus valeureux... parce que, pendant quatre ans, ils ont courageusement et héroïquement résisté à leur ardent désir de faire de la résistance."
Jaouen intègre dans son récit nombre de mots, de noms, d'expressions en breton qui ne gênent en rien la lecture. Il offre même un attrait supplémentaire en essayant de retrouver une racine saxonne ou latine.
Avec Le Bon Docteur Cogan Hervé Jaouen propose un roman qui se découvre avec plaisir, offre un bon moment de lecture tant le fond et la forme sont agréables. "
Serge Perraud - lelitteraire.com/?p=54806
" - Plusieurs pointures de la vie culturelle bretonne sont à retrouver dans ce numéro de décembre de Bretons. Cap donc sur Ouessant et le musicien Yann Tiersen qui vient d'enregistrer son 11ème album, sorti bien sûr de son studio installé sur l'île. Sur les terres, Bretons est aussi parti à la rencontre de l'écrivain Hervé Jaouen, installé près de Quimper. Il a derrière lui une oeuvre riche et abondante, faite notamment de romans profondément ancrés en Bretagne. Hervé Jaouen vient aussi de publier A NOS VERTES AMOURS IRLANDAISES, un livre consacré à l'une de ses autres grandes passions, l'Irlande. "
Ouest-France - 30/11/2019
" Il n'est pas question de retraite pour l'écrivain finistérien qui, à 73 ans, publie en cette fin d'année deux nouveaux livres : un roman historique sur la Bretagne inspiré de faits réels et un carnet de voyage en Irlande, sa seconde patrie. "
Suite de l'article dans le numéro de décembre de Bretons - texte de Régis Delanoé - photos d'Emmanuel Pain
" - Yvonne Trédudon est le troisième enfant d'une longue fratrie née au seuil de l'autre siècle. A douze ans, elle trouve un emploi chez les Cogan, juifs laïcs d'origine roumaine. Nous sommes au milieu des années trente, une période d'insouciance qui compte panser les plaies de la guerre passée. Dans son nouveau foyer, la demoiselle fait son éducation et s'attache aux membres du clan. A Plouvern, petit village des monts d'Arrée, le maître de maison exerce comme médecin. Ses qualités professionnelles en font un notable de la région, même si quelques rebouteux dénigrent sa réputation. Lorsque Hitler décide de bouleverser l'équilibre mondial, tout bascule. Après la défaite de la France, le gouvernement provisoire signe des accords douteux avec l'Allemagne et, afin de tempérer l'ardeur de l'occupant, promulgue les lois de Vichy. Les juifs apatrides sont arrêtés, laissant momentanément tranquilles ceux de nationalité française. Un fonctionnaire venu de Quimper décide de faire montre d'un zèle particulier et interdit à monsieur Cogan d'exercer. le maire trouve une parade et lui délivre une dérogation provisoire. Les mois se succèdent et la tension se resserre aussi vite que la situation se dégrade un peu partout. Si une partie de la population vit dans la résilience, certains prennent les armes et organisent l'opposition. En face, une milice antisémite se met en place sous la férule d'un abbé connu pour ses positions extrêmes. Hervé Jaouen revient sur une page sombre de l'histoire européenne et, à travers les souvenirs d'Yvonne, nous parle d'un temps que les moins 80 ans n'ont pas vécu. Avec un bon sens inné et une acuité naturelle, elle devient la voix des persécutés et raconte l'innommable. Ici, pas de grands combats héroïques ni de faits glorieux qui ont changé le cours de la guerre, mais le quotidien sous le nazisme, avec mille petites lâchetés, du courage pour surmonter les épreuves et l'envie d'un monde meilleur. Un livre rédigé également pour que l'horreur ne se reproduise plus. "
Beaucharmeur007 - babelio.com/livres/Jaouen-Le-bon-docteur-Cogan/1172473#critiques
" - Un bon roman. "
K.T. - Le Peuple Breton - décembre 2019
" - Mis à part, pour nous lecteurs, la découverte des lois de VIchy pendant l'Occupation, il me semble que l'insertion de mots et d'expressions bretons devrait nous pousser à réfléchir. On notera que le bon docteur apprend le breton pour vivre (et penser) comme les gens qu'il soigne. Et c'est vrai que la connaissance d'une langue nous aide bien à comprendre les gens qui la parlent. Bonne lecture... dans les transports en commun, pour intriguer... "
daily-passions.com/le-bon-docteur-cogan
" - Les romans de l’automne sur la Shoah et la Seconde Guerre mondiale.
Plusieurs grands succès littéraires de cet automne 2019 touchent à l’Holocauste et aux événements de 1939-1945.
… Un autre récit prend place en Bretagne, celui du roman Le Bon Docteur Cogan d’Hervé Jaouen, qui narre l’histoire d’Yvonne Trédudon, bonne à tout faire chez un médecin français d’origine juive roumaine qui fait face à la haine d’une poignée de villageois. L’ouvrage rappelle le destin tragique – et bien réel – du docteur Ihil Perper, Juif d’origine moldave installé dans le Finistère avec sa famille, tous déportés à Sobibor en 1943 d’où ils ne reviendront pas. "
The Times of Israël - fr.timesofisrael.com/les-romans-de-lautomne-sur-la-shoah-et-la-seconde-guerre-mondiale
" - DESTINS BOULEVERSES
Chaque nouvelle livraison d'Hervé Jaouen nous ouvre les portes d'un monde sans cesse sondé avec un talent jamais démenti.
Bretagne, Irlande, savoirs ancestraux, contact avec la nature, devoir de mémoire... Sans jamais être redondants, les thèmes principaux de l'oeuvre d'Hervé Jaouen sont constamment porteurs d'un nouveau regard, d'un nouvel oxygène, même lorsque le passé en est l'objet.
Le Bon Docteur Cogan ne déroge pas à cette règle d'or. Au travers d'un destin familial, l'auteur nous transporte dans les monts d'Arrée constater les impacts de la guerre 39-45, de l'Occupation et des lois pétainistes antijuives sur une société rurale aux valeurs séculaires établies. Voilà décrits, dans un style toujours transportant, les dommages personnels et collectifs qu'engendrent les époques troublées. Le bon docteur Cogan pourra-t-il continuer de soigner ? Entre la Résistance et la milice nationaliste, comment réagira la communauté ? Les turpitudes de la guerre révèlent-elles les hommes et les femmes tels qu'ils sont ?
Autant de destins bouleversés aux interrogations fondamentales qu'Hervé Jaouen soulève avec lucidité et science de la narration. "
Yves Goulm - Le Mag Agglo n°86 - janvier/février 2020
" - J'ai adoré Le Bon Docteur Cogan. La fin de l'histoire m'a surprise et bouleversée, la conclusion est touchante. "
valmyvoyoulit.com/2019/12/12/le-bon-docteur-cogan-herve-jaouen
" - Un récit fluide, des dialogues plus vrais que nature, un contexte historique passionnant, des anecdotes évocatrices : tout le talent de conteur d'Hervé Jaouen est dans ce livre. "
RCF 18/02/2020, chronique de Marie-Thérèse Britel-Logan - rcf.fr/culture/livres/le-bon-docteur-cogan-d-herve-jaouen
" Le Bon Docteur Cogan est publié par les Presses de la Cité (collection Terres de France) en 2019. Hervé Jaouen y excelle dans son talent de conteur, précis, fin, clair. Plus qu’un témoignage de la Bretagne sous l’occupation, c’est un véritable roman noir qu’il offre à la lecture tant l’énigme, du moins sa résolution, est réduite à peau de chagrin (on attend le moment où la famille Cogan va subir les foudres du temps passé bien présent de l’époque) pour laisser la place à l’essence même de ce qu’il raconte : une tranche d’histoire.
C’est l’histoire de l’Histoire qui se joue du passé pour tenter de teinter définitivement notre présent. Pourtant, tout tend à vouloir l’effacer. Nous sommes dans les années 70, un temps où Pompidou aimerait qu’on oublie ces moments où les Français ne s’aimaient pas. « – Ne ressasse pas ce que personne ne pourra plus jamais changer. Le passé est le passé, Yvonne. » Yvonne Trédudon approche, aveugle, de son centenaire (96 ans) et, la crêpe jouant le rôle d’une madeleine, à Marie-Louise, venue lui faire la lecture, elle se met à raconter qu’elle a treize ans, en 1935, lorsque qu’elle rentre au service du Docteur Cogan. Mais tout commence après, en 1974, lors de la remise d’une légion d’honneur (c’est « comme les hémorroïdes, tous les trous du cul peuvent l’avoir ») à un homme dont le passé ne passe pas (« un Javert des monts d’Arrée »), du moins dans la gorge d’Yvonne. « Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’arriver en 1943. Il ne faut pas que je mange ma tartine avant d’avoir étalé le beurre dessus. » Gouvernante pour les deux filles de Fanny et Emil, les Cogan, infirmière et médecin, elle s’ouvre à la vie et à la culture, et, forcément, à l’époque : « Mais, sais-tu Yvonne, il y pire que la tuberculose. Cela s’appelle la peste brune. » Et si elle prend racine en Allemagne, elle s’étend visqueuse jusqu’en France, en Bretagne, dans les monts d’Arrée à l’époque de cette « drôle de paix ». Yvonne pose des questions comme – C’est quoi les Juifs ? Emil, cynique autant que désespéré, lâche : « des singes », « des renards », « des lapins », « des rats ». Elle entre alors dans son temps comme on entre en adolescence, par effraction, en colère contre l’injustice. Elle va (sur)vivre car « Le IIIème Reich ne durera pas mille ans » mais douze, c’est tant qu’assez, comme on dit en Vendée, cette Bretagne du Poitou.
Le Bon Docteur Cogan est un récit simple du quotidien des petites gens de la campagne qui subissent tout autant que les autres les affres de l’Histoire et s’en dépêtrent comme ils peuvent mais n’acceptent pas qu’on vienne, après, changer le passé comme on change l’eau des fleurs parce que ça sent trop fort.
Hervé Jaouen nous rappelle que les ans ne font rien à l’affaire, qu’on ne change pas forcément quand on vieillit, qu’on peut garder à 96 ans la clarté et l’innocence de la jeunesse et s’en vanter crument et que si l’histoire repasse les plats, on n’en mangera pas plus aujourd’hui qu’autrefois. Même en mettant un peu plus de rhum dans la pâte à crêpes, on n’arrive pas à masquer le goût de la veulerie « des poubelles de l’Histoire ».
Avec Hervé Jaouen le retour des bons sentiments (que certains prennent pour de la sensiblerie, les mêmes qui ne voient que le doigt quand il montre la lune) n’est pas synonyme d’aveuglement. Bien au contraire. C’est une des formes les plus lucides de la clarté : la vérité. "
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