Résumé :
De 1999 à 2003, pour Le Télégramme, Hervé Jaouen a croqué ses contemporains et les travers de notre société dans des chroniques intitulées "Croquis du lundi". Il l'a fait avec humour et tendresse, sans se priver, au besoin, d'une cordiale causticité.
Hervé Jaouen a également mis de lui-même dans ses billets d'humeur. Les lecteurs de ses romans et notes de voyage retrouveront ici l'homme et son univers familier : son coin de campagne bretonne, la pêche, la chasse, les balades en mer, l'Irlande.
Parmi ces chroniques d'hier, nombreuses sont celles qui valent pour aujourd'hui et vaudront encore pour demain. Voilà bien la preuve qu'il y a de l'éternité dans l'actualité, surtout quand c'est en compagnie d'un écrivain de talent que l'on respire l'air du temps.
Voir la liste de tous les titres des "Croquis du lundi" écrits par Hervé Jaouen dans "Ecrits divers".
Extrait :
" MORT D'UN EMPLOYE DE BANQUE
"Rien de plus pauvre qu'un soldat/Qu'un chien qu'un employé de banque." Paul Eluard a écrit ces vers à une époque de misère, de grandes luttes syndicales et de foi, sinon dans le marxisme, du moins en l'utopie d'une société idéale où chaque homme serait respecté. Du soldat, à deux reprises, le monde venait de faire une énorme consommation. Son statut de chair à canon a évolué depuis.
Les guerres modernes se veulent économes, bien qu'au front les blessures soient plus sournoises. Voir l'affaire des vaccins expérimentaux et des munitions à l'uranium enrichi. La plupart des chiens ne mènent plus une vie de chien. Eux aussi ont leur carnet de santé, leurs soins esthétiques et leurs régimes diététiques. Se roule dans le bonheur, la gent canine. Mais pour de mauvais maîtres un chien sera toujours un chien, né pour qu'on lui botte le train.
L'employé de banque ? Nul ne peut nier qu'il n'est plus ce prolétaire en col blanc (col retourné par sa vieille maman ou son épouse pour faire durer les chemises) d'il y a cinquante ans. Mutuelle, participation, intéressement, primes, la vie est belle. Il n'empêche que si vous interrogez votre guichetier, promu "chargé de clientèle", il vous confiera, amer, que le métier n'est plus ce qu'il était. Le stress, monsieur plus de cinquante produits variés à placer coûte que coûte, la performance obligatoire, et le couperet midi et soir des résultats que Big Brother, au Siège, enregistre en temps réel. Un jour sans et c'est le rappel à l'ordre. Une semaine, la lettre d'injonction de vendre. Un mois, le cachot souterrain des archives.
Un employé de banque a été trouvé mort, le front sur son clavier. Abattu en plein cœur par la pression des objectifs sans cesse revus à la hausse. L'impitoyable ironie du système a voulu que plusieurs semaines après son décès ses clients recevaient encore des mailings signés de son nom. Comme disait la commère ma voisine, c'est bizarre, tout change mais rien ne s'améliore. "
Critiques :
" - Vivement la retraite ! Ce titre en forme de clin d'œil est emprunté à l'une des quelque deux cents chroniques publiées dans "Le Télégramme" entre 1999 et 2003. Pendant quatre années, chaque semaine, Hervé Jaouen a croqué ses contemporains et les travers de notre société. Il l'a fait avec humour et tendresse, causticité souvent et révolte parfois. Mais toujours avec le talent qu'on lui connaît. Dans ses billets d'humeur, il a mis beaucoup de lui-même. Ses lecteurs retrouveront ici l'homme et son univers familier. Mais quelle que soit leur inspiration, ses deux cents chroniques sont autant de miroirs qui donnent à réfléchir. S'il badine, pique et se moque, Hervé Jaouen sait aussi se faire grave quand par exemple il évoque, à mots couverts, ses vieux parents et les problèmes que posent à notre société les misères du grand âge. Parmi ces chroniques d'hier, nombreuses sont celles qui valent pour aujourd'hui et vaudront encore pour demain. "
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