Prix du roman de la ville de Carhaix 2010
Résumé :
"Ceux de Ker-Askol" raconte le destin tragique d’une jeune Bretonne, Maï-Yann, au début du XXe siècle. Encore enfant, elle a été séparée de sa sœur Jabel et conduite dans un couvent de Haute-Savoie. À l’âge du noviciat, un homme abuse de sa naïveté.
Pour étouffer le scandale, les religieuses la renvoient en Bretagne, dans un hameau perdu, et scellent sa vie à celle d’un vieux garçon, mi-paysan mi-bedeau, autre âme en peine qui n’est pas le mari que Maï-Yann espérait.
Dans les terres isolées de Ker-Askol, marquées par les saisons et le travail de la terre, le petit Martial va grandir "comme une bête sauvage, dans l’innocence de ses origines et dans l’ignorance de la folie de sa mère…".
Hervé Jaouen dépeint un monde en vase clos, où la religion exerce son emprise sur les esprits simples. Il ressuscite le passé, pas si lointain, d’un couple frappé de malédiction, dans une Bretagne impressionnante de réalisme. Un grand roman, sombre et digne, servi par une admirable écriture.
Extrait :
" Benito était son petit nom et il avait le même accent, le même teint mat et les mêmes yeux noirs que l’abbesse, et sans doute avait-elle les mêmes dents blanches que lui, mais ça, pour en juger, il aurait fallu réussir à extorquer un sourire à cette bouche qui ne s’entrouvrait que pour blâmer et admonester. Lui au moins, il riait aux éclats, et son rire, contagieux, transformait certaines filles en tourterelles un peu fofolles. Elles étaient prises de roucoulements nerveux et coupables, délicieusement coupables comme le péché de gourmandise. Des tourterelles des bois, songea Maï-Yann, avec autant de rouge que de bleu sur les plumes : l’incarnat des joues sous le fichu bleu ciel des novices, de toutes les novices, y compris les aides de cuisine, les lavandières et les filles ménagères de tout acabit, qui n’avaient jamais jusque-là, avant l’arrivée de Benito, éprouvé le besoin de venir prier en plein air. Les vieilles bonnes sœurs fronçaient les sourcils devant cette inclination soudaine pour la méditation champêtre, et on peut penser qu’elles notèrent sur leurs tablettes de punitions les noms des plus assidues au verger, puisque aussi bien l’abbesse leur trouva des tâches supplémentaires à l’intérieur du couvent.
[…] Les labours commencèrent. Tout entière vouée au plaisir du travail, Mai-Yann regardait droit devant elle, enivrée par l’odeur de la transpiration de la jument et les effluves de racines et d’humus que de la terre exhalait, où le soc ouvrait de grosses lèvres luisantes et leur fertilité promise.
- J’ai deux juments au lieu d’une, plaisantait Benito, ce qui faisait rire les autres filles.
Maï-Yann haussait les épaules, riait aussi et répondait :
- Peuh ! Il n’y a pas de malice à dire ça !
[…] Au moment où l’on sema les pommes de terre, Maï-Yann ne remarqua pas que les autres filles restèrent boutonnées jusqu’en haut. Peut-être remarqua-t-elle que la plupart se firent une espèce de pantalon bouffant en laçant leur robe sur leurs chevilles, en tout cas elle ne pensa pas à mal et l’idée ne lui vint pas que c’était pour que Benito ne voie pas leurs jambes, ou plus, quand elles se courbaient en avant. Maï-Yann, elle, continuait de travailler comme au temps du père Marius, sa petite chemise déboutonnée jusqu’à la naissance de ses seins, qu’elle avait généreux, et qui semblaient attirer le regard de Benito.
Cette différence-là, des regards, entre le père Marius et Benito, elle la remarqua. Le père Marius avait des yeux d’un bleu presque transparent, comme ceux d’une statue à la peinture délavée par les siècles, et son regard était exactement comme celui d’un bon saint qui saura exaucer vos prières. Benito avait des yeux noirs mobiles qui se posaient, s’envolaient et se reposaient sans cesse comme une mouche énervée, un peu partout, et en particulier dans l’échancrure de la petit chemise de Maï-Yann.
Il voyait sa poitrine, elle voyait la sienne, sculptée par le maillot de corps. Il souriait, elle souriait aussi, et elle ressentait cela, cette liberté des regards réciproques, comme une sorte de communion entre deux êtres associés dans le travail, comme cette complicité naturelle qui chevillait les hommes et les femmes aux foins ou aux moissons, quand elle était petite fille. Le souvenir de ce lien évoquait aussi les fanfaronnades des hommes et les rires et les œillades bizarres des femmes, mais elle n’aurait pas su expliquer en quoi ces images et ces sons incrustés dans sa mémoire la troublaient, puisque ces sensations, appartenant à l’univers de son enfance, ne lui semblaient pas plus blâmables que d’aimer l’odeur du crottin de cheval, par exemple. Elles ajoutaient une saveur supplémentaire au grand bain de nature dans lequel elle se plongeait chaque jour. C’était dans l’ordre des choses que de le ressentir, et on n’a aucune raison de se méfier des bonheurs que Dieu vous accorde. En outre, loin, très loin dans sa tête, une vague idée de permission lui ôtait tout sentiment de danger : Benito était un petit cousin de l’abbesse, qui l’avait fait venir au couvent, par conséquent on avait le devoir de travailler et le droit de rire en sa compagnie, sans craindre aucune sanction.
Un soir, alors que l’angélus appelait les filles à la prière d’avant dîner, Benito retint Maï-Yann.
- Je ne trouve plus ma houe, il me la faut pour demain à la première heure, viens donc m’aider à la chercher dans la remise.
Sitôt qu’ils furent entrés, il repoussa la porte d’un coup de pied et se colla à Maï-Yann, en palpant ses seins d’une main tandis que l’autre se plaquait entre ses cuisses.
- Non, non…, protesta-t-elle. "
Critiques :
" - Hervé Jaouen vient de publier aux Presses de la Cité un livre qui fera date. "Ceux de Ker-Askol" est un roman qui nous plonge dans la dure réalité paysanne du début du siècle dernier où il ne fait pas bon d'être singulier. Notre compatriote dépeint un monde en vase clos où un couple est frappé de malédiction dans une Bretagne marquée par l'emprise de la religion sur les gens simples. Hervé Jaouen utilise abondamment des expressions en langue bretonne pour ancrer encore plus son récit dans une réalité sombre mais digne. "
arkae.org – 05/10/2009
" - Au début du XXe siècle, en Bretagne, une jeune orpheline est envoyée au couvent où elle est abusée par le jardinier. Pour cacher l’opprobre de la grossesse, les nonnes parviennent à la caser avec un vieux garçon… hermaphrodite. Des personnages "ensauvagés", terribles et sulfureux. Une histoire à la Zola qui ressuscite une civilisation rurale bardée d’interdits religieux, de pulsions et de rancunes. Saisissant de souffle et de caractère, dans une belle écriture réaliste, par un maître du roman noir inspiré par sa Bretagne natale. "
Avantages – FD. – Octobre 2009
" - Dans "Les filles de Roz-Kelenn", l'écrivain quimpérois avait scellé l'avenir de Jabel, petite fille née à la ferme des Goasdoué en Cornouaille. Très tôt orpheline, elle parcourt la campagne avec sa sœur Maï-Yann pour mendier de quoi survivre. Ce livre était le premier tome d'une fresque qui conte l'histoire d'une famille bretonne du 20ème siècle à travers ses personnages. "Ceux de Ker-Askol » nous fait découvrir la vie de Maï-Yann. Expédiée dans un couvent de Haute-Savoie, elle a le tort de commettre le pêché de chair. Les sœurs la renvoient en Bretagne et lui trouvent un vieux garçon dans le but d'étouffer le scandale. Mais ce n'est pas le mari que Maï-Yann espérait, puisque Ténénan Yvinou est hermaphrodite.
"Dans ce livre, explique Hervé Jaouen, j'ai voulu rendre hommage à deux de mes tantes, l'une devenue religieuse contre son gré, et l'autre victime d'un mariage arrangé comme cela se pratiquait beaucoup dans nos campagnes." Le roman met aussi en scène Martial, le fils de Maï-Yann, et les relations douloureuses qu'il entretient avec son beau-père. Si l'auteur titille un peu les religieuses (l'arthrose, écrit-il, c'est "le mal des bonnes sœurs, à force de rester à genoux"), il n'oublie pas ce qu'elles lui ont apporté. "Leur enseignement était supérieur à celui dispensé dans l'école laïque et grâce à elles, je savais lire et écrire à cinq ans". Son passé comme enfant de chœur a-t-il laissé des traces dans son cheminement ? "Je n'ai jamais été croyant. C'est peut-être pour cette raison que je me qualifie de mécréant mystique" dit Hervé Jaouen. "
Christophe Pluchon – 18/10/2009
" - Au début du XXe siècle, dans une Bretagne impressionnante de réalisme et de caractère, l'histoire tragique de Maï-Yann (inspirée d'une histoire vraie), qui contrainte à un mariage forcé, sombre progressivement dans la folie. Maï-Yann, fillette légèrement attardée, est prise en charge par des religieuses, qui l'envoie dans un couvent de Haute-Savoie. A seize ans, elle découvre son corps et ses plaisirs, dans les bras d'un jardinier. Ne pouvant cacher sa grossesse, les sœurs la font revenir en Bretagne pour y épouser, avec une belle dot, Ténénan Yvinou. Mais il est hermaphrodite. Dans les terres isolées de Ker-Askol, marquées par les saisons et par le travail incessant de la terre, le petit Martial, va bientôt naître et grandir "comme une bête sauvage, dans l'innocence de ses origines et dans l'ignorance de la folie de sa mère..." . En grandissant, l'état de sa mère empire. Attentant à la vie de son fils, Maï-Yann doit être internée. Tandis que le fossé se creuse entre Ténénan et Martial, celui-ci quitte la maison avec sa fiancée pour vivre enfin une existence apaisée, en rupture avec un passé dramatique et douloureux. "
" - Un très bon moment de lecture
Je viens de faire la connaissance d'Hervé Jaouen à travers son très beau roman "Ceux de Ker-Askol". Sans nul doute je reviendrai vers cet auteur pour lire d'autres romans qu'il a écrits. Des extraits m'avaient laissé deviner qu'il s'agissait d'une œuvre forte. Non seulement le thème de l'histoire est original, même s'il est marqué profondément par le terroir breton, mais de plus les personnages, aux mœurs simples mais rudes, sont particulièrement attachants.
Cette jeune Maï-Yan, promise au couvent au début du XXe siècle, parce qu'elle était orpheline finit par tromper la vigilance des sœurs et se trouve enceinte d'un beau jardinier italien et c'est là que l'histoire commence.
On ne peut pas parler de ce roman sans évoquer Ténénan affligé d'une infirmité qui fait qu'il n'est ni homme ni femme mais puisqu'il ne peut pas tenir lieu de mari cela ne l'empêchera pas de tenir son rôle de père de Martial le fils de Maï-Yan et avec la manière s'il vous plaît.
Les mots sont parfois crus, les phrases admirablement tournées, la religion omniprésente. Quant à la fin, j'aurais, pour tout dire, préféré qu'elle soit autre mais n'est-ce-pas le rôle d'un auteur de contrarier son lecteur et de lui donner à lire quelque chose qui sorte de l'ordinaire ? "
Victoreau
" - Au début du XXe siècle, Maï-Yann, jeune orpheline simplette élevée par les religieuses, est séduite par le jardinier du couvent qui abuse de sa naïveté. Les bonnes sœurs, pour protéger la communauté du scandale, la marient à un vieux garçon, paysan dans un coin perdu de Bretagne, bedeau et rebouteux. Bon compagnon mais lui aussi porteur d’un lourd secret, il ne peut satisfaire Maï-Yann qui sombre dans la folie. Martial, "l’enfant du péché", grandit auprès d’un "père" sans malignité, mais avare de tendresse, dans la succession des saisons et la rudesse de la vie... Trouvera-t-il avec sa gentille épouse un bonheur simple pour rompre un destin accablant ?
Ce nouvel épisode de la saga bretonne, entamé avec "Les filles de Roz-Kelenn", décrit une Bretagne sombre, de landes et de forêts, de villages isolés, où la vie des paysans pauvres est dure et bornée. La misère et l’ignorance mettent ces êtres simples mais dignes sous la coupe du recteur et des bonnes sœurs attachés, pour sauver leur âme, à régenter leur vie. On apprécie le savoir-faire de l’auteur, l’écriture aisée, entrecoupée d’expressions bretonnes, la peinture réaliste et désolée de la Bretagne d’autrefois, sa source d’inspiration. "
Bibliothèque pour tous du Conquet – 27/10/2009
" - Maï-Yan, orpheline, quitte sa Bretagne natale aux côtés de sœur Maurice pour un couvent de Haute-Savoie. Gentille et sans défense, elle grandit dans cet environnement pieux tout naturellement. Docile, elle récite ses prières, se réjouit d’avoir toujours une assiette bien remplie et s’adapte à cette vie simple. Elle adore aider Marius, le vieux jardinier et celui-ci lui enseigne l’art de cultiver la terre.
Mais quand le père Marius décède, c’est un beau jeune homme qui le remplace au potager : Benito. Toutes les filles participent joyeusement aux semences et aux récoltes. Mais c’est Maï-Yan qu’il remarque.
Il faut dire que, sans malice, la jeune fille le provoque avec sa petite chemise déboutonnée. Benito, très vite, profite de la naïveté de la jeune Bretonne pour l’emmener dans la grange à l’abri des regards. Maï-Yan se donne à lui sans chichis, et montre beaucoup d’intérêt pour la chose…
Et ce qui devait arriver arriva. La jeune fille tombe enceinte et les religieuses voulant éviter le scandale, la dotent largement et la renvoient en Bretagne pour la marier à Ténénan, un vieux garçon, bedeau et rebouteux, dans une ferme isolée.
Maï-Yann, le cœur et le corps remplis de son Benito, se résigne malgré tout. Le paysan se montre compréhensif et accueillant avec sa jeune femme. Ainsi, celle-ci pourra peut-être trouver la paix et s’arranger avec une sorte de bonheur. Il faudrait seulement, pour la satisfaire, que son mari consente à l’honorer ainsi qu’elle le lui demande avec de plus en plus d’intérêt.
Mais le pauvre Ténénan ne s’en montre point capable. Ni fille ni garçon, il lui est impossible de satisfaire sa femme. Et ça, les religieuses le savaient. Maï-Yan leur en veut…
À la naissance du petit Martial, Ténénan croit encore en sa famille. Mais bientôt le comportement de Maï-Yann le désespère et l’inquiète. Rien ne se passe comme prévu à Ker-Askol…
Un très beau roman porté par une très belle écriture. "
L’Est Éclair - Libération – 13/10/2009
" - Le destin tragique d’une jeune Bretonne
L’histoire de "Ceux de Ker-Askol»" a pour cadre la campagne bretonne au début du XXème siècle. Dans un monde en vase clos, balisé d’interdits et de devoirs, où la religion exerce son emprise sur les esprits simples, un monde disparu, Hervé Jaouen ressuscite le passé d’un couple au mariage arrangé.
Encore enfant, Maï-Yann est séparée de sa sœur et conduite dans un couvent de Haute-Savoie en vue d’y prononcer un jour des vœux définitifs. À l’âge du noviciat, elle découvre les plaisirs charnels dans les bras d’un homme qui abuse de sa naïveté. Pour faire taire le scandale, les religieuses la renvoient en Bretagne, dans un hameau perdu, et scellent sa vie à celle d’un vieux garçon, mi-paysan, mi-bedeau.
Mais cette autre âme en peine porte aussi un lourd secret. Ténénan Yvinou n’est pas le mari que Maï-Yann espérait. Dans les terres isolées de Ker-Askol, marquées par les saisons et le travail incessant de la terre, un petit Martial va grandir "comme une bête sauvage, dans l’innocence de ses origines et dans l’ignorance de la folie de sa mère"…
C’est dans un couple frappé de malédiction, dans une Bretagne impressionnante de réalisme, qu’Hervé Jaouen dépeint dans "Ceux de Ker-Askol", un grand roman, sombre et digne, servi par une admirable écriture. "
Le Semeur hebdo – 16/10/2009
" - Hervé Jaouen a deux amours, d’ailleurs complémentaires : la Bretagne et l’Irlande. Avec "Ceux de Ker-Askol", nous sommes en Bretagne. C’est l’histoire de Maï-Yann, une jeune Bretonne du début du XXe siècle qui, encore enfant, a été séparée de sa sœur Jabel pour être emmenée dans un convent. À l’âge du noviciat, elle sera souillée par un salopiot. Elle n’a rien à se reprocher, mais le scandale est consommé. Alors, on la renvoie en Bretagne et on lui arrange un mariage – à savoir un mariage forcé – avec un vieux garçon tristounet en diable, Ténénan Yvinou. Un enfant, Martial, naîtra de cette union. Il grandira sur les terres isolées de Ker-Askol. Sous le regard fiévreux et bientôt un peu fou de sa mère… "
Présent – 17/10/2009
" - Hervé Jaouen reprend dans ce roman l’histoire de Maï-Yann, le personnage central de son livre précédent : "Les filles de Roz-Kelenn". Jeune orpheline, Maï-Yann est envoyée par les religieuses dans un couvent de Haute-Savoie, loin de sa Bretagne natale. Légèrement attardée, elle travaille sous les ordres du jardinier qui abuse de sa naïveté. Ne pouvant cacher la grossesse, les religieuses la renvoient en Bretagne pour la marier à Ténénan Yvinou. Le vieux garçon est bon compagnon, mais hermaphrodite. Le couple s’installe dans la ferme de Ker-Askol. "
Bretons – Octobre 2009
" - "À partir du mois d’août 1914, le recteur n’eut plus à se creuser la tête pour ses sermons. Il rendait compte des combats, célébrait les victoires et jamais il ne déplorait de défaites. Les messes d’enterrement furent bientôt plus nombreuses que les messes ordinaires. Ténénan appris à sonner le glas. D’une certaine façon, on pouvait dire qu’il était mobilisé. Cependant, le jour où l’on rendit hommage à quatre frères morts au champ d’honneur pendant la bataille de la Marne, il essuya quelques réflexions acerbes sur son statut de réformé : "Tu aurais pu faire infirmer." "C’est comme ça", répondit-il, "moi je n’ai rien demandé…" 345 pages dans un rude hameau isolé des environs de Morlaix, avec Maï-Yann la jeune femme sacrifiée par la religion, son mari Ténénan le surprenant "kog ha yar", Martial et Léontine les amoureux… Vous voulez savoir ce qu’est un "kog ha yar" ? Lisez donc ce livre, écrit par un maître écrivain conteur breton, paru dans la collection "Terres de France". Et mat pell zo ! "
Rouen Lecture Normandie – Novembre 2009
" - Souvent, lorsque le mot fin écrit en noir, ou non, s’affiche sur la page blanche d’un roman, le lecteur qui a été subjugué reste sur sa faim, se posant de multiples questions, par exemple qu’est devenu untel ? Quel fut son parcours ? C’est ce que le lecteur pouvait se demander légitimement l’ouvrage "Les Filles de Roz-Kelenn" terminé. Il avait suivi les tribulations de Jabel et sa jeune sœur Maï-Yann, puis la chronique familiale s’est focalisée sur la seule Jabel. Qu’était donc devenue Maï-Yann, cette petite sœur dont elle avait été séparée ? Heureusement Hervé Jaouen revient sur cette partie occultée de l’histoire et nous retrouvons donc la gamine âgée de dix ans accompagnant une bonne sœur sur les quais de la gare de Quimper en partance pour un couvent de la Haute-Savoie. Un peu simplette, n’ayant pas la capacité de lire, d’écrire, de coudre, elle passe ses premières années de postulante à effectuer des travaux d’entretien. C’est au potager qu’elle trouve une certaine sérénité, en compagnie du père Marius, un vieux bonhomme qui les beaux jours venus monte de la vallée jusqu’au couvent à dos de cheval. Les saisons défilent, Maï-Yann grandit, le père Marius vieillit, jusqu’au jour où il décède. Il est remplacé par un jeune homme, Benito, apparenté à la mère supérieure. Un jour, il profite de Maï-Yann, vaguement consentante, puis quémandeuse. Elle n’est qu’un jouet qui ne se rend pas compte qu’elle est devenue femme. Elle ne sait pas les conséquences que cela peut engendrer, mais la mère supérieure ne tarde pas à se rendre compte que la jeune fille est enceinte. Alors s’ourdit un projet que la gamine subit sans réaliser. Un rapatriement est effectué en Bretagne et un mariage est arrangé avec un homme chevaleresque qui accepte d’héberger la parturiente et son futur enfant. Seulement, Maï-Yann, que le besoin de satisfaire ses pulsions charnelles démange, ne trouve pas auprès de son mari l’extincteur capable de circonscrire son feu intérieur. C’est un handicap du "pissou". Pourtant c’est un brave qui exerce les fonctions de bedeau dans la petite église du village et de rebouteux, se conduisant en philosophe, en sage que la solitude n’effraie pas. Sa jeunesse avait connu bien des déboires, surtout lors du conseil de révision. Malgré son atrophie, aujourd’hui oubliée ou plutôt acceptée des paroissiens, c’est un homme considéré pour son courage et ses dons. Alors partager sa couche avec une pécheresse ne l’ennuie pas plus que cela d’autant que son épouse apportait en dot, grâce à une donation des religieuses, un cheval, une charrette, une vache et son petit, un fourneau à bois. Lorsque naît le petit Martial, il l’adopte. Maï-Yann qui au début acceptait de partager les tâches ménagères se consacre uniquement à l’allaitement de son "mabig", mais le printemps approchant les braises se réveillent et elle s’échappe afin de trouver un mâle susceptible de lui contenter le bas ventre. Le petit Martial devient un véritable petit sauvageon, n’ayant aucune relation affective avec sa mère et trouvant en son père adoptif le soutien nécessaire pour ne pas sombrer dans la folie comme sa génitrice.
Les bienfaits matériels et spirituels se télescopent dans ce roman rural dominé par la religion et ses représentants, religieuses ou recteur, qui pour garder bonne conscience arrangent un mariage grâce à un marchandage, voire à un maquignonnage. Il faut que la religion soit sans reproche, balayant le scandale éventuel même si cela se concrétise au détriment d’êtres fragiles. Pourtant on ne peut nier que ces accommodements partent d’un bon sentiment, celui de ne pas laisser errer dans la nature des âmes faibles, des demeurés. D’ailleurs l’un des soucis premiers est d’apprendre à lire et à écrire à leurs "protégés", avec plus ou moins de réussite il est vrai. Hervé Jaouen prévient le lecteur, mettant en exergue la phrase rituelle "toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait pure coïncidence…". Pourtant, c’est avec réalisme qu’il met en scène personnages, lieux, atmosphères, reconstitution d’événements, comme s’il avait recueilli cette histoire un soir au coin du feu. Ceux qui ont vécu en Bretagne profonde ne serait-ce que le temps des vacances estivales, au début des années cinquante, ont peut-être le souvenir des maisons basses, les pentys, au sol en terre battue, dépourvues d’eau courante et d’électricité et ces champs minuscule où le blé et le seigle se coupaient à l’aide d’une faucille, de ces longues rangées de foin coupé puis entassé dans les charrettes, de tout ce qui aujourd’hui constitue un folklore mais était réalité avant-hier. Outre ce personnage pour le moins surprenant qu’est le père de substitution pour Martial, c’est tout un passé qui revit sous la plume humaniste d’Hervé Jaouen. "
Paul Maugendre – 30/10/2009
" - Dans la Bretagne profonde
Hervé Jaouen est un spécialiste des pays celtes, et en premier lieu de la Bretagne, de la Cornouaille anglaise et de l’Irlande. Il parle breton et l’emploie avec bonheur dans ses écrits.
Il a aussi de l’imagination, car il en faut pour imaginer la trame de "Ceux de Ker-Askol". Une fillette recueillie par des religieuses est emmenée dans un couvent de Savoie, fort plaisant d’ailleurs, où en s’occupant de jardinage, elle attend de devenir novice, puis religieuse à son tour. Une vie toute tracée pour une fille au demeurant un peu simple. Mais du jardinage et le plaisir de s’occuper parfois du cheval Ritournelle suffit à Maï-Yann. Jusqu’au jour où déjà femme, elle se fait engrosser par ignorance. Adieu le noviciat. Les bonnes sœurs envoient l’une d’elles en Bretagne où se trouve la solution… miracle !
Ténénan ne s’est pas encore marié parce qu’il ne possède pas ce qu’il faut pour engendre : triste infirmité, quand on lui propose à des conditions matérielles intéressantes d’épouser Maï-Yann et d’en accepter le fruit. Le recteur veillera sur eux. Au début, c’est parfait ! Mais Maï-Yann a goûté à un homme, et se met à courir le guilledou et ce qui en est des suites : deux enfants. Bon, Ténénan se débarrassera des bébés. Par bonheur, si l’on peut dire, la jeune femme devient folle : on la case.
Martial grandit et s’entend mal avec Ténénan ; tout pourrait nous nous amener une fin très noire de cette histoire. Mais non : Martial trouve en Léontine la femme qu’il faut. D’où une fin heureuse dont nous laissons au lecteur le plaisir de la découvrir.
C’est un roman profondément réaliste et humain que nous propose Hervé Jaouen, en même temps qu’il nous fait découvrir une Bretagne d’antan, encore prisonnière de ses traditions. "
Pierre Manuel – L’Éclaireur – 27/10/2009
" - Saga bretonne
Dans les années 1900, deux fillettes s’en allaient mendier de porte en porte dans la campagne bretonne. L’aînée, Jabel, fut l’une des héroïnes des "Filles de Roz-Kelenn". C’est autour de Maï-Yann, la cadette, que Hervé Jaouen bâtit le deuxième volet de sa saga contant la destinée d’une famille rurale tout au long du XXe siècle. Après l’ascension de Jabel, voici la dégringolade de Maï-Yann. Contrainte à un mariage forcé, la jeune femme sombre progressivement dans la folie. Son mari, lui, porte un lourd secret. Drôle de famille pour le jeune Martial, qui a bien du mal à trouver sa place… Rythmé par le rude travail de la terre et la fuite des saisons, tout un monde en vase clos, pétri de traditions et de religion étriquée, revit sous la plume colorée de l’écrivain. Après des années de galère, une embellie se dessine pour Martial. L’on retrouvera avec plaisir, dans un troisième épisode, cet univers âpre et fort. "
F. L. – L’Yonne républicaine – 31/10/2009
" - "Ceux de Ker-Askol" est le dernier ouvrage d’Hervé Jaouen, un roman montrant l’influence de la religion sur les simples d’esprit, dans la Bretagne du début du 20e siècle. C’est l’histoire de Maï-Yann, orpheline de Briec, qui est séparée de sa sœur Jabel et envoyée dans un couvent, en Haute-Savoie. Cette jeune fille qui se retrouve enceinte, sera ramenée en Bretagne et mariée en catimini à Ténénan Yvinou. C’est l’histoire d’un couple, lui bedeau rebouteux hermaphrodite, elle portant le poids de son péché nommé Martial, l’enfant qui grandira dans l’ignorance de ses origines et de la folie de sa mère.
Très agréable à lire, ce roman est une suite à la saga entamée avec "Les filles de Roz-Kelenn". "
Armor Magazine – Novembre 2009
" - C’est dans un monde en vase clos au début du XXe siècle, dans la campagne bretonne, balisé d’interdits et de devoirs que l’auteur ressuscite le passé d’un couple en mariage arrangé. Une histoire tragique sur les terres isolées marquées par les saisons et le dur travail de la terre. "
Pascal Pioppi – La Marne – 4/11/2009
" - Après "Les filles de Roz-Kelenn" voici "Ceux de Ker-Askol", le deuxième volet de ce qui doit être une saga de la Bretagne d'antan.
Non il ne s'agit pas d'il y a deux ou trois siècles, juste quelques décennies. Et pourtant, quand le lecteur plonge dans ce roman qui se dévore littéralement, il se retrouve à une époque oubliée, oubliée de la modernité, le fin fond de la campagne, avec ces sols en terre battue dans les cuisines, le lit clos, mais surtout une mentalité frustre, inculte, sans états d'âme. Dans le premier roman, deux fillettes orphelines et mendiantes sont séparées. La plus jeune disparaît, c'est Maï-Yann, dont on suit ici l'itinéraire tragique. Elle a été confiée aux religieuses qui l'envoient dans un couvent du sud de la France. Le but, en faire une "bonne sœur". Quelques années de bonheur s'ensuivront. Là, l'enfant, un peu faible d'esprit, devenue une accorte adolescente se laisse engrosser par un beau gaillard, et la voilà rapatriée dare dare dans sa Bretagne natale, mais pas auprès de sa sœur, non. Les religieuses lui ont trouvé un mari qui accepte la femme et l'enfant à venir, contre quelques avantages en nature (cuisinière, cheval...) Pour Maï-Yann, c'est un destin misérable qui l'attend.
Hervé Jaouen sait raconter les histoires surtout quand elles sont dramatiques, sordides parfois. Il y a, certes des moments de fraîcheur, de petits bonheurs, mais on les sent en suspens, prêts à s'effondrer dans la boue. N'empêche, en lisant ce livre, nous apprenons beaucoup sur la vie, la mentalité de nos ancêtres parfaitement décrites par l'auteur. "
Ouest-France – 17/11/2009
" - "Ceux de Ker-Askol" ont un lien de parenté avec "Les filles de Roz-Kelenn", précédent titre d’Hervé Jaouen. Au début du XXe siècle, Maï-Yann, fillette légèrement attardée, est envoyée dans un couvent de Haute-Savoie pour y prononcer ses vœux. Mais, à seize ans, l’adolescente découvre son corps dans les bras d’un homme. Les sœurs décident alors de la renvoyer en Bretagne pour y épouser Ténénan Yvinou, riche et gentil compagnon mais hermaphrodite. Le petit Martial va naître et grandir "dans l’innocence de ses origines et dans l’ignorance de la folie de sa mère".
Dans un monde en vase clos, balisé d’interdits et de devoirs où la religion détient la mainmise sur les êtres, dans ce monde disparu, Hervé Jaouen ressuscite le passé d’un couple au mariage arrangé. "
L’Écho – Le Valentinois – 24/10/2009
" - "Ceux de Ker-Askol", d’Hervé Jaouen, nous fait revenir en Bretagne au début du XXe siècle. Dans la campagne profonde, la religion, avec ses interdictions et ses obligations, est toute puissante (aujourd’hui c’est la télévision !). Sur ses terres isolées vit un couple dont le mariage a été arrangé. Qui va le déranger ? Le petit Martial arrivera-t-il à grandir dans un environnement hostile ? "
Jean Leclerc – L’Écho des Vosges – 6/11/2009
" - Ce roman raconte l’histoire de Martial Yvinou, un jeune homme né d’une aventure entre sa mère, Maï-Yann, et le jardinier du couvent où elle avait été placée dès ses six ans.
Malgré tout, Martial parviendra à surmonter les difficultés et à acquérir une situation honorable, notamment grâce à Ténénan, l’homme à qui Maï-Yann a été mariée de force lorsqu’elle était enceinte, et à la religieuse qui s’était occupée d’elle dans son enfance.
Un roman à la fois noir et rose, que les lecteurs bilingues apprécieront pour les nombreuses expressions en breton qui y figurent. "
Yves Loisel – Le Télégramme – 15/11/2009
" - Hervé Jaouen: la Bretagne de Ceux de Ker-Askol
"Ceux de Ker-Askol" ont un lien direct de parenté avec "Les filles de Roz-Kelenn" précédent ouvrage d'Hervé Jaouen. "J'aimerais réaliser, non pas une saga dont l'enchaînement des épisodes me serait vite fastidieux, mais plutôt une vaste fresque d'une famille bretonne au XX e siècle" confie Hervé Jaouen. "Une sorte de mosaïque de portraits de différents personnages comme on en trouvait dans les familles qui comptaient souvent une dizaine d'enfants avec des destins souvent dramatiques et tragiques. Du pain béni pour un romancier !". Dans ses récits romanesques Hervé Jaouen avoue puiser directement dans ses souvenirs de famille, lui-même issu d'une grande fratrie, et mettre en scène le vase clos jalonné d'interdits et de morale religieuse d'un mariage arrangé. Avec ce dernier ouvrage, Hervé Jaouen raconte l'histoire de Maï-Yann fillette un peu simple envoyée au couvent en Haute-Savoie au début du siècle. Séduite par le jardinier, elle reviendra en Bretagne mettre au monde son enfant et se soumettre à un mariage arrangé. "
Ouest-France – 1/12/2009
" - Retour aux sources pour Hervé Jaouen
Entretien
Hervé Jaouen, Briec est très présent dans vos derniers romans, notamment "Les filles de Roz-Kelenn" ?
"C’est vrai que c’est la terre de mes ancêtres. C’est un bourg que j’ai beaucoup fréquenté dans mon enfance et mon adolescence. Mes parents et mes grands-parents y sont enterrés."
On le constate dans "Ceux de Ker-Askol", le breton est de plus en plus présent dans vos écrits ?
"Petit dernier de ma famille, je n’ai pas eu la chance d’apprendre le breton. J’ai longtemps regretté de ne pas connaître la langue. À présent que j’ai pris des cours avec beaucoup de plaisir, j’ai compris le fonctionnement de la langue et de ses tournures particulières. Dans "Ceux de Ker-Askol", je fais parler mes personnages comme ils parlaient à l’époque… à peine français."
Votre fin laisse présager une suite du côté de Laz ?
"Pas forcément. J’y ai envoyé mes personnages car c’est aussi un des berceaux de ma famille. Mais dans mes romans actuels, je dresse une vaste fresque d’une famille bretonne typique du XXe siècle. Je me donne la liberté de me promener dans le siècle."
Le polar noir signé Jaouen, c’est fini ?
"J’y reviendrai peut-être, mais en France, on aime bien classer les gens une fois pour toutes. Pour ma part, j’aime beaucoup jouer sur les différents registres d’écriture." "
Ouest-France – 4/12/2009
" - La saga d’Hervé Jaouen
Suite de la saga bretonne commencée avec "Les Filles de Roz-Kelenn", "Ceux de Ker-Askol" a pour héroïne une mendiante jetée au couvent et abusée. Renvoyée en Bretagne, elle est mariée de force à un paysan ; ce sera sa punition. "Nous autres, les épouses de Jésus, on passe notre temps à prier, continua sœur Maurice sur un ton badin. L’épouse d’un homme passe son temps à lui servir la soupe et à repriser ses chaussettes, c’est un peu pareil. Finalement, tu seras malgré tout bonne sœur." Le ton sarcastique ouvre la voie vers un tableau sans concession d’une vie rurale bien éloignée des visions pastorales. Dans cet "Angélus de Millet" à la mode bretonne, la femme devient folle et le mari enterre les "mort-nés" pendant que la jeunesse du pays se fait décimer au front. "Qu’est-ce qu’on va devenir à la campagne ?", demande l’un. "Des fossoyeurs, répondit Ténénan d’un ton lugubre. On s’enterrera les uns les autres. Et le dernier, comment il fera ? Il creusera son trou avant de se foutre dedans." Roman réaliste sans doute, mais plus proche de Beckett que de Zola. "
Daniel Morvan – ArMen – Novembre 2009
" - Hervé Jaouen parmi les siens.
Samedi 5 décembre, à la Maison de la presse de Briec-de-l’Odet, Hervé Jaouen s'est attablé, plume à la main, devant ses deux derniers ouvrages, "Les filles de Roz-Kelenn" et "Ceux de Ker-Askol" pour accueillir, deux heures durant, les connaissances d'autrefois, les amis, les cousins, les voisins des parents : Marie-Claire, une ancienne du Moulin Vert ; Jean-Alain, le cousin, qui habite non loin de Sainte-Cécile, chapelle où a été baptisée Maï-Yann, l'héroïne de "Ceux de Ker-Askol" ; chaque visiteur retrouve une part de son enfance ou de l'histoire de sa famille dans les récits de l'écrivain et tout cela sera évoqué. "Le détail signifiant, indique Hervé Jaouen, travaillé par l'auteur et qui laisse place à l'imaginaire du lecteur". Lui aussi a sa part de souvenirs du temps passé à Briec dans sa famille et, dit-il, "c'est Jean-Édern Hallier qui a lu mon premier manuscrit de lycéen".
"Une écriture pleine"
"Même si les destins sont tragiques, on se sent bien dans le récit, le mot est juste, le style précis", dit Josiane qui, après avoir savouré les polars, va goûter au deuxième volet de la saga familiale bretonne du XXe siècle. Un troisième volet ? "Je me suis inspiré du destin de deux de mes tantes maternelles, indique Hervé Jaouen, on s'inspire toujours d'une réalité et j'ai l'idée d'une suite, tragique bien sûr : c'est la loi de la malédiction" "
Le Télégramme – 7/12/2009
" - Avec Hervé Jaouen, on sait d’avance que ce ne sera pas un ouvrage aux saveurs sucrées que l’on lira : c’est âpre, dur parfois, cru, bien écrit par contre, sans temps morts et avec une histoire qui se tient. C’est le cas de son dernier livre "Ceux de Ker-Askol", où l’on suit la vie tourmentée de Maï-Yann, arrachée enfant à sa sœur aînée, l’héroïne de son précédent roman "Les Filles de Roz-Kelenn", engrossée, rendue folle au fin fond de la campagne bretonne. "
Ouest-France - 15/12/2009
" - C’est dans un monde en vase clos – au début du XXe siècle, dans la campagne bretonne – balisé d’interdits et de devoirs, où la religion détient la mainmise sur les êtres, un monde disparu, qu’Hervé Jaouen ressuscite le passé d’un couple au mariage arrangé.
C’est l’histoire tragique de Maï-Yann et de Ténénan Yvinou sur les terres isolées de Ker-Askol, marquée par les saisons et le travail de la terre. "
La Liberté de l’Yonne – 3/12/2009 et L’Écho de la Vienne – 18/12/2009
" - Septembre 1904. Maï-Yann, une petite orpheline bretonne un peu simplette est confiée aux sœurs d’un couvent de Haute-Savoie. Quelques années plus tard, enceinte des œuvres d’un jardinier entreprenant, elle est renvoyée en Bretagne et mariée de suite à un vieux gars, journalier agricole et rebouteux, gentil mais affecté d’un handicap honteux. Après la naissance de son fils Martial, Maï-Yann sombre dans une dépression sournoise qui se transforme doucement en folie. Au-delà de l’histoire poignante de ce jeune garçon qui grandit entre un père meurtri et une mère malade, Hervé Jaouen s’est attaché à faire revivre la campagne bretonne du début du XXe siècle, marquée du poids de la religion et de la culture traditionnelle. "
L’Anjou Agricole – 4/12/2009
" - Suite bretonne
Tranches de vie dans la Bretagne d’il y a un siècle : un Jaouen "populiste" de la meilleure veine.
C’est l’homme aux multiples vies : chef d’agence bancaire durant treize ans, maître du néopolar dès son entrée en littérature à l’âge de 33 ans, inlassable chroniqueur de l’âme irlandaise, fabulateur enchanteur pour la jeunesse, conteur émérite de ses terres bretonnes, scénariste à succès. Tout le monde a lu ou lira un jour l’un des cinquante ouvrages d’Hervé Jaouen, de "La Mariée rouge" au "Testament des McGovern", de "Que ma terre demeure" à "Mamie Mémoire", de "L’Allumeuse d’étoiles" à "Suite irlandaise".
À 63 ans, ce Quimpérois de souche continue de creuser son sillon. Dans sa moisson 2009, il vient de livrer l’un de ces romans historico-régionaux, dont la presse nationale ne se fait plus guère l’écho, mais qui se vendent bon an mal an à plus de 10 000 exemplaires. "Ceux de Ker-Askol", c’est son titre, a le parfum des – bons – romans d’hier qui nous font partager le destin des paysans du début du XXe siècle avec ce qu’il faut de détails, d’empathie et de métier. Plusieurs personnages traversent cette fresque réaliste et "bretonnisante", entre montagnes Noires et monts d’Arrée : Maï-Yann, jeune orpheline légèrement attardée, qu’une grossesse malvenue détournera de l’avenir religieux que lui avaient organisé les sœurs ; Ténénan, le vieux garçon "kog ha yar" (traduisez hermaphrodite) à qui on la marie ; Martial, le fils de Maï-Yann, beau jeune homme un temps déboussolé ; Léontine, sa promise… Les temps sont durs et le clergé omniprésent dans cette Bretagne d’un autre temps, mais le monde évolue, et pas toujours dans le mauvais sens.
Jamais manichéen, avec son clergé qui alterne le pire et le meilleur et ses personnages à la personnalité mouvante, "Ceux de Ker-Askol" se lit comme on déguste une bonne soupe de chou-fleur. Au coin du feu. "
Marianne Payot – L’Express – 17/12/2009 – lexpress.fr
" - Grand spécialiste de la Bretagne, Hervé Jaouen nous offre un roman authentique avec "Ceux de Ker-Askol", publié aux Presses de la Cité, l’histoire tragique de Maï-Yann et de Ténénan Yvinou, un couple au mariage arrangé, qui vit sur une terre désolée et dans une société écrasée par le poids de la religion au début du XXème siècle. "
L’Essor Salardais
" - Une œuvre joliment bretonnante mais désespérément sombre avec, toutefois en finale, une (très) faible lueur d’espoir.
En ce début du XXe siècle, la jeune Maï-Yann (transcription locale de Marianne) est conduite par sœur Maurice dans un couvent de Haute-Savoie pour y accomplir son noviciat. Les religieuses s’adonnent à des tâches diverses selon les possibilités physiques ou intellectuelles de chacune. "Pas plus habile à manier le crayon que l’aiguille à repriser, ni plus apte à ânonner l’alphabet qu’à répéter sans se tromper les prières en latin", Maï-Yann, jeune fille attardée, est destinée aux tâches élémentaires. Elle est alors affectée au potager. Le jardinier salarié de la communauté abuse de la naïveté de la novice. Cette dernière tombe enceinte. Les religieuses étouffent le scandale et renvoient la coupable à Ker-Askol, un hameau perdu en terre bretonne, pour y épouser une âme en peine, célibataire, bedeau, et rebouteux, mais handicapé dans l’impossibilité physique de procréer. L’enfant que porte Maï-Yann aura donc un père mais elle n’aura pas de mari. Martial vient au monde, et va grandir au rythme des saisons, du travail de la terre et dans l’ignorance de la folie de sa mère.
Un huis clos bouleversant où la religion d’alors en ces lieux occupe une large place dans l’esprit des gens simples. Un roman sombre, noir, sensuel, servi par une très belle histoire. "
G.J. - Le Sillon – Février 2010
" - Le triste destin d’une orpheline du temps jadis
Hervé Jaouen a le don de mettre en scène les situations les plus sordides tout en entretenant l’illusion de la réalité.
Cette réalité, il la connaît bien, puisque c'est celle de la Bretagne du XIXe siècle, là où plongent ses racines. Quant à l'histoire, elle est dans la veine d'une littérature populaire pas très tendre pour le monde religieux.
Maï-Yann, une adolescente bretonne au développement intellectuel quelque peu ralenti, est envoyée dans un couvent savoyard où elle s’adonne aux joies du jardinage. Mais c’est à un tout autre genre d’activité que va la contraindre un jeune jardinier ; de sorte que notre ingénue attend bientôt un enfant... Réexpédiée dans sa province, elle va y gagner un mari mais y perdre son âme.
Une histoire bien noire, au terme de laquelle le lecteur se rassérène en se disant qu’il ne s’agit là que d’un roman ! "
La Manche Libre
" - Maï-Yann est conduite malgré elle dans un couvent savoyard. Novice, un homme abuse de sa naïveté. Elle est renvoyée du couvent et contrainte au mariage pour éviter le scandale, avec un infirme au bon cœur, mais qui peu à peu est miné par la jalousie. Elle sombre dans la folie. Leur vie tourne au drame. Mais son fils Martial, va connaître un tout autre destin. Un très beau roman à la fois poignant, sombre et plein d’espérance, qui nous emmène dans la Bretagne profonde du début du siècle dernier. "
Pontivy Journal
" - …Ainsi, la trajectoire de Maï-Yann, la petite Bretonne misérable de "Ceux de Ker-Askol", d’Hervé Jaouen. Sauvée de la mendicité par des religieuses, la légèrement simplette Maï-Yann couche sans même le comprendre avec le jardinier du couvent et tombe enceinte. Loin de la condamner, les bonnes sœurs la marient à un "kog ha yar", expression bretonne dont la traduction "ni coq ni poule" dit assez les particularités physiques du personnage. Or Maï-Yann associe à sa simplicité d’esprit une sexualité débordante. Pas de bonheur à attendre d’un tel arrangement, mais des horreurs semblables à celles des pires faits divers modernes. Pas un hasard si Hervé Jaouen a commencé dans le polar : "Dans tous mes livres, on trouve quelque chose qui relève du roman noir : le sens du tragique. Les personnages sont prisonniers de leur destin quoi qu’ils fassent. C’est le fameux thème du labyrinthe, où les personnages errent en quête d’une issue." Qui n’existe peut-être pas, pour une fille comme Maï-Yann dans la Bretagne d’il y a un siècle, où le clergé régissait les destins pour le meilleur comme pour le pire. Ni pro ni anticlérical, Hervé Jaouen vit à Ergué-Gabéric, près de Quimper, entouré de nombreuses églises. Et il n’a pas besoin de récuser l’accusation de passéisme : de sa documentation précise, mais non apparente, à sa narration implacable, son livre relève de la tragédie zolienne. "
Alexis Brocas - Le Figaro Magazine – 07/08/2010
" - C’est un roman "gris-noir" réaliste dans lequel Jaouen dépeint la Bretagne de la paysannerie profonde avec tous les ingrédients que l’on retrouve dans ses romans. On côtoie la rudesse de la vie des paysans, véritables serfs sur des terres souvent capricieuses, la brutalité des ouvriers de la ville, la mainmise de l’Église sur le peuple, celle qui préfère parfois asservir plutôt que servir. "
Josette - mediatheque-lesourn.over-blog.com – 08/09/2010
" - "Ceux de Ker-Askol", ceux de chez Jaouen…
Romans, nouvelles, récits de voyages, théâtre… Hervé Jaouen aligne une soixantaine de titres. Prolixe, Jaouen, voire dispersé ? Non, disert, économe de sa parole, concentré : un vrai Breton. Et comme tout vrai Breton, il donne à voir, à sentir et, au bout du compte ou du livre, à réfléchir aussi. Secret comme une chapelle, exubérant comme un retable, l’auteur d’"Au-dessous du calvaire" (2005).
Né en 1946 à Quimper, Hervé Jaouen écrit très tôt. Il reçoit les encouragements de Jean-Edern Hallier. 1979 : l’apocalypse de "La Mariée rouge" le propulse parmi les maîtres du roman noir. C’est exact mais réducteur : le vertige de la destruction, les idéologies extrémistes et une collection de braves Bretons constituent une étude psychologique, une dénonciation du mal et un ancrage culturel. Alors quand on lit que "L’Adieu aux îles" (1986) "le consacre comme écrivain tout court et non plus seulement comme un auteur de polars", on reste pantois. Un auteur de polar ne serait pas un écrivain, un "écrivain tout court" ? Inepte, parce qu’après tout Jaouen est dans le libre sillage d’un Claude Aveline. Vrai cependant, parce qu’il est un écrivain complet, "tout long", au long cours… Ajoutons que plus d’un critique autorisé n’aura guère hésité à reconnaître dans les tragédies de Sophocle la structure du récit policier. Le genre policier est tragique, parce que la mort et la douleur sont de son partage, parce qu’il creuse sans fioritures au noir tréfonds de l’âme humaine.
Qu’on relise la fureur vengeresse de "Toilette des morts" (1983), la folie shakespearienne de "Flora des embruns" (1991), l’ignominie d’une société de l’argent et la dénonciation prémonitoire de "Les Endetteurs" (1994). Mais le noir n’est que le révélateur de la lumière. La lucidité appelle la poésie au quotidien : "Journal d’Irlande" (1984 ; 1990), "L’Eternel irlandais" (2003), "Abers" (2005). Jaouen ferme un œil pour viser juste. Ouvre-t-il l’autre, que le regard se fait de tendresse : "Lettres de Groix et d’ailleurs" (correspondance avec Anne Pollier, 2007). Et c’est sans doute cela, qui fait qu’Hervé Jaouen est aussi auteur de littérature de jeunesse, publiant entre autres éditeurs, chez Gallimard dans la collection Folio-junior : "L’Or blanc du Loch Ness" (1998).
"Ceux de Ker-Askol" (2009) : de petites vies, de lourds travaux, des alternances de bonheur fugitif et de tragédie récurrente (misère, méchanceté, soumission…). Des "vies volées", disait un autre grand romancier de Bretagne, Louis Guilloux, avec qui Hervé Jaouen partage le Prix populiste. Des vies tristes mais belles, même dans la chute, un peu comme chez un Bernard Clavel (autre Prix populiste).
Certes, les prix littéraires ne manquent pas à Hervé Jaouen. Mais le Prix du roman de la ville de Carhaix lui manquait vraiment. Parce que l’écrivain s’accorde à ce qui constitue déjà un beau palmarès. Parce que ce prix de Carhaix, du Kreiz Breizh, du cœur de la Bretagne, lui va à merveille, et qu’il rappelle que nous sommes tous un peu de chez Jaouen… "
Yannick Pelletier – Octobre 2010 – Texte de la présentation de l’auteur et du livre pour la réception du Prix 2010 du Roman de la ville de Carhaix
" - Un très beau roman. L’histoire se passe en Bretagne au début du XXe siècle. Une jeune orpheline, Maï-Yann, placée dans un noviciat, est séduite par le jardinier du couvent et se retrouve enceinte. Les religieuses, pour cacher le scandale, décident de marier la jeune femme à un homme qui accepte le marché en échange d’une dot. Maï-Yann découvre la vérité qu’on lui a cachée au sujet de cet homme, et obligée de vivre avec ce mari dans un hameau isolé, elle sombre dans une profonde dépression et devient folle.
L’auteur décrit une Bretagne sauvage, où la vie des paysans est dure, le travail de la terre est continu, c’est une question de survie. Les habitants sont soumis à une autorité ecclésiastique qui régente leur vie et dirige leurs pensées.
J’ai apprécié la lecture aisée de cet auteur souvent accompagnée d’expressions du terroir breton du XXe siècle. J’ai été étonnée de découvrir, avec les quelques phrases en breton, une langue tout à fait différente du français !
Une lecture intéressante, originale, sans trop se casser la tête. "
Ste-Dorothée - irresistibles.bibliomontreal.com – 07/10/2011
" - "Ceux de Ker-Askol", c'est son titre, a le parfum des - bons - romans d'hier, qui nous font partager le destin des paysans du début du XXe siècle avec ce qu'il faut de détails, d'empathie et de métier...
Les temps sont durs et le clergé omniprésent dans cette Bretagne d'un autre temps, mais le monde évolue, et pas toujours dans le mauvais sens. Jamais manichéen, avec son clergé qui alterne le pire et le meilleur et ses personnages à la personnalité mouvante, "Ceux de Ker-Askol" se lit comme on déguste une bonne soupe de chou-fleur. Au coin du feu. "
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